Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Ici, c'est Biarritz (2)

 

Zafari de Mariana Rondón, Pérou, Venezuela

11 ans après Pelo malo, la cinéaste vénézuélienne Mariana Rondón est de retour dans un long-métrage, Zafari, pour le moins déroutant. Cette coproduction internationale, qui englobe pas moins de 8 pays, se singularise par son caractère de dystopie, dans une ville qui ressemble cependant à Caracas. Un message sur la réalité d'une nation en pleine déliquescence ? Sans aucun doute. Un hippopotame, qui répond au doux nom de Zafari, est la star d'un zoo qui se dépeuple de plus en plus mais que dire des voisins humains, qui essaient de survivre, en quête d'eau et de nourriture et qui ne cherchent qu'à fuir leur enfer quotidien. C'est quasiment un récit post-apocalyptique que nous propose la cinéaste, dans un style décousu et plombé par une absence d'approfondissement de ses différents personnages. Pas très agréable à regarder, Zafari tend à démontrer que l'homme revient vite à la sauvagerie des origines, dès lors que ses besoins vitaux ne sont plus assurés. La démonstration est lourde et ne semble jamais chercher à véritablement nous concerner, ou alors plutôt maladroitement.

 

El aroma del pasto recién cortado de Celina Murga, Argentine

Celina Murga est une cinéaste argentine reconnue dans son pays et même à l'international, comme en témoigne la présence de Martin Scorsese, en tant que coproducteur pour son dernier film, lequel a obtenu le prix du scénario au prestigieux Tribeca Film Festival. L'originalité de El aroma del pasto recién cortado tient dans sa conduite en parallèle de deux histoires quasi identiques, à l'exception du genre. Dans l'une, c'est un professeur d'université, marié et père, qui a une liaison avec une étudiante et, dans l'autre, c'est une professeure d'université, mariée et mère, qui trompe son mari avec un étudiant. Crise de la quarantaine et usure du couple ? Bien entendu, mais c'est la description des quotidiens des deux enseignants qui intéresse en premier lieu la cinéaste, qui traite son sujet de manière assez neutre, sans beaucoup d'affect en tous cas. Le film est solide, construit sans anicroche, mais on finit par regretter son manque de dynamisme et son absence totale de dramatisation. C'est une œuvre principalement cérébrale et presque théorique qui ne cherche en aucun cas l'émotion, suscitant de temps à autre un ennui poli, heureusement contrebalancé par la qualité globale de l'interprétation.

 

Senhoritas de Mykaela Plotkin, Brésil

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe chez les seniors. Bon, ce n'est pas la caractéristique principale de Senhoritas mais un aspect non négligeable, vu du côté féminin, du film de Mykaela Plotkin. Sa consigne générale à destination de son héroïne, laquelle a vu sa vie transfigurée depuis le retour de sa (vieille) meilleure amie semble bien être : à elle, vous ne parlez pas d'âge. Parce que cette grand-mère jusqu'alors parfaite a soudain décidé de profiter de nouveau de l'existence, quitte à mentir à son mari, à sa fille et à sa petite-fille, dont elle était devenue plus ou moins l'esclave consentante. Quête d'une liberté nouvelle, sororité et recherche de plaisirs immédiats sont au menu de ce récit résolument optimiste et lumineux sur lequel souffle un air vivifiant et qui montre, s'il en était besoin, que la vie ne s'arrête pas à 70 ans. Dans le rôle principal, Irene Ravache joue avec une subtilité exceptionnelle et nous touche par sa féminité retrouvée.

 



24/09/2024
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