Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Ici, c'est Arras (9)

 

White Courage de Marcin Koszalka

White Courage n'est que le deuxième long métrage du cinéaste polonais Martin Koszalka, quelque 9 ans après le passionnant Red Spider. Un passage du rouge au blanc pour une nouvelle fresque historique qui nous transporte dans les montagnes enneigées des Tatras, où vit un peuple fier de ses traditions, avant et pendant la seconde guerre mondiale. White Courage est l'histoire dramatique de deux frères qui s'opposent, avant que l'occupation allemande ne rebatte les cartes. Des polémiques sont nées en Pologne, quand le film est sorti, car il sort de l'oubli des comportements pas forcément très glorieux à l'époque. Les curseurs du romanesque et de la tragédie sont poussés à l'extrême dans un film où, avant même le scénario, un peu tortueux, l'on retiendra d'abord les somptueuses images, également signées par Martin Koszalka. Mais l'aspect historique n'est évidemment pas à négliger avec, en particulier, cette obsession de la race supérieure chez les envahisseurs germains, sans cesse à la recherche de peuples répondant à des caractéristiques "parfaites." Et il n'est jamais mauvais, non plus, de montrer que l'héroïsme n'a pas toujours été dominant dans les pays occupés par les puissances de l'Axe et que ces zones grises, qu'elles soient flamandes, croates, slovaques, françaises, finlandaises ou polonaises, entre autres, ne méritent pas qu'on les maintienne sous silence.

 

The New Year that never came de Bogdan Muresanu

En novembre 2023, l'Arras Film Festival présentait Libertate, un film roumain qui évoquait les débuts de la révolution de 1989, à travers un récit choral. Un an plus tard, toujours à Arras, un nouveau film roumain, sur le même mode, aborde la dernière journée avant le basculement, à Bucarest et dans ses environs. Plusieurs personnages, d'âge et de conditions dissemblables, nous sont donc présentés à l'écran et il faut un certain temps pour identifier ceux que l'on va retrouver au fil des minutes, sachant que les interactions entre les différents protagonistes sont plus ou moins importantes. Le réalisateur, Bogdan Mureşanu, est assez habile pour varier les tonalités, les moments les plus absurdes succédant aux plus dramatiques mais c'est bien la veine tragi-comique qui est la plus efficace, permettant de s'immiscer dans les foyers ou la télévision roumaine, alors que, par prudence, gloire est toujours rendue à Nicolae Ceaușescu, en public, et beaucoup moins, euphémisme, dans les cercles privés. Ce nouveau film consacré à cette période cruciale de l'histoire contemporaine de la Roumanie n'est sans doute ni le meilleur ni le dernier à traiter du sujet mais il faut accorder à Ce nouvel an qui n'est jamais arrivé la capacité de parvenir à faire que notre intérêt aille crescendo, jusqu'aux très émouvantes séquences finales.

 

Jouer avec le feu de Delphine et Muriel Coulin

Que dire de neuf à propos de Vincent Lindon, pour sa prestation dans Jouer avec le feu où son rôle de père cheminot, élevant seul ses deux fils, semble taillé à sa gigantesque mesure. Mais ne l'assure t-on pas de chacun des personnages qu'il interprète, même de ceux qui ne sont pas engagés politiquement ? Quoi qu'il en soit, on était assez curieux de voir l'acteur dans le cinéma de Delphine et de Muriel Coulin, qui commence à prendre une vraie épaisseur, avec le temps. Dans jouer avec le feu, la perspective peut paraître surprenante puisque ce n'est pas tant le garçon qui "vire facho" que l'on suit de près mais bel et bien son père, volontaire mais impuissant, et, accessoirement son autre fils. C'est un peu comme si on avait le contrechamp sans avoir eu un véritable champ, d'ailleurs parfois hors champ, volontairement. Le récit surprend un peu, dans sa dernière partie, comme si les réalisatrices s'étaient rendu compte qu'il leur fallait un événement important pour donner de la densité à leur histoire. On est en droit de penser que non, ce n'était pas nécessaire, à partir du moment où le film jouait depuis le début sur un tempo moderato, subtil mais manquant sans doute de mordant, aux yeux de certains, pour qui démontrer est aussi important que montrer. Moyennant quoi, Jouer avec le feu n'atteint peut-être pas le niveau qualitatif espéré, ceci ne remettant surtout pas en cause l'interprétation magistrale de Vincent Lindon.

 



15/11/2024
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