Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Ici, c'est Arras (3)

s

 

Kafka, le dernier été de Judith Kaufmann et Georg Maas

Franz Kafka, eu égard à ses écrits et à sa renommée, n'est pas tout à fait l'exemple que l'on choisirait en premier pour symboliser l'idée d'un joyeux drille. Le film de Judith Kaufmann et de Georg Maas a pour mérite principal de dépoussiérer l'image de l'homme, sinon de l'écrivain, dans l'ultime année de sa vie (oui, cela va au-delà d'un dernier été). C'est la métamorphose... amoureuse de Kafka, sans aucun procès ... d'intention, auquel nous assistons, avec une jeune femme dont le nom de Dora Diamant (jouée par la remarquable Henriette Confurius) raconte déjà toute une histoire. Voir Kafka enfourcher une moto, offrir des fleurs ou ... éplucher des pommes de terre n'est assurément pas ce que l'on attend pour caractériser l'auteur de La colonie pénitentiaire. Si on le voit peu au travail, ses démêlés avec sa famille sont bien présents dans le film, de même que la progression de sa maladie. En revanche, sa relation sentimentale avec Dora reste dans un registre purement romantique, accentué encore par le peu d'audace de la mise en scène. Pourtant, entre l'écrivain au monde intérieur particulièrement agité et sa dernière compagne, FUTURE militante communiste de culture yiddish, nul doute qu'il y avait matière, dans la République de Weimar, à des dialogues un peu moins conventionnels.

 

Joli joli de Diastème

Une comédie musicale peut-elle se révéler sapide, en dépit d'une intrigue minimale, voire quasi inexistante ? L'histoire du cinéma, notamment américain, nous révèle que oui, c'est envisageable, mais il faut alors des ingrédients parfaits dans tous les domaines : mise en scène, interprétation, musique, costumes, etc. Nul ne pourra prétendre que Joli joli, de Diastème, frise la perfection dans tous ses aspects mais l'énergie de l'ensemble, la bonne tenue de la plupart des chansons, un sens du rythme narratif indéniable, la reconstitution colorée d'une époque, les années 70, qui paraît déjà lointaine participent au plaisir simple et vif que l'on prend devant le film. Ceci à la condition d'accepter que son seul sujet est celui des amours contrariées, déclinées sous le mode hétéro ou homo, et que les quelques clins d’œil à notre monde d'aujourd'hui (des téléphones portables au mouvement #MeToo) ne brillent pas véritablement par leur finesse. Mais si on se laisse faire sans renâcler (question d'humeur du spectateur), Joli joli est un charmant voyage rétro, où l'on appréciera autant sinon plus les rôles secondaires (Laura Felpin, Vincent Dedienne et Victor Belmondo) par rapport à ses têtes d'affiche que l'on attendait plus étincelantes (Clara Luciani et William Lebghil) ou encore, autrement dit, plus glamoureuses.

 

Julie se tait de Leonardo Van Dijl

Une jeune sportive talentueuse et promise à une belle carrière, sous l'emprise d'un entraîneur. Le film, Slalom, dépeignait certaines pratiques du monde de ski avec d'autant plus d'acuité que la réalisatrice elle-même avait vécu cette histoire. Julie se tait en raconte une autre, assez proche, troquant les sports d"hiver pour le tennis mais d'une autre manière, moins frontale sans doute et cependant tout aussi poignante avec les non-dits pesants et ce silence qui s'apparente à la peur, celle d'être jugée, notamment. Candidat belge aux Oscars 2025 et coproduit par les frères Dardenne, Julie se tait se met à la hauteur de sa jeune héroïne, décrivant le quotidien d'une espoir du tennis, préférant les coups droits liftés aux montées au filet, symboliquement parlant, en attendant le jeu décisif, peut-être. Le film, avec son casting principalement composé de non-professionnels, emprunte les voies du naturalisme et de la spontanéité, ce qui explique une interprétation plutôt inégale, remarque qui ne concerne pas son actrice principale, Tessa Van Den Broeck, remarquable, qui a puisé dans son passé de joueuse de tennis pour l'incarner et qui se révèle évidemment crédible dans toutes les scènes sportives. Non, tout n'est pas dit sur la relation, parfois toxique, qui peut exister entre un entraîneur et une encore adolescente, douée pour sa discipline mais la suggestion, l’ambiguïté et le malaise sont bien présents dans un film qui ne donne pas toutes les clés mais incite à les chercher.

 



11/11/2024
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 51 autres membres