Ici, c'est Angoulême (7)
Magma de Cyprien Vial
Une situation volcanique à la Guadeloupe, avec la présence de la Soufrière, ce n'est assurément pas une anomalie. En faire le scénario d'un film, qui ne recherche pas le spectaculaire mais, à l'inverse, qui montre les conséquences pour la population d'une éruption, avec sa part d'imprévisibilité, est une idée judicieuse, où le suspense existe bel et bien, tout en passant après des aspects sociaux, excellemment décrits. Le film suit au plus près deux experts vulcanologues, l'une, Marina Foīs, issue de la Métropole, et l'autre, Théo Christine (l'acteur qui monte), débutant, attaché à son territoire. Leur relation, proche, mais non exempte de conflits, est aussi l'un des points d'intérêt du long-métrage de Cyprien Vial, qui ne se perd qu'occasionnellement dans un jargon de spécialistes. On y voit aussi, et c'est assez passionnant, les rapports complexes entre l'autorité préfectorale, les vulcanologues et, surtout, une population qui comprend parfois difficilement des décisions d'évacuation qui paraissent arbitraires, en vertu du fameux principe de précaution. Sous le volcan, les torrents de lave du mécontentement sont parfois aussi dangereux que les caprices de la Soufrière.
A toute allure de Lucas Bernard
Honnêtement, À toute allure justifie pleinement son titre, dans l'enchaînement des scènes, en dépit du fait que la plupart se déroulent en vase clos. Le réalisateur, Lucas Bernard, vise clairement le rythme des comédies américaines de la grande époque, comme celles de Billy Wilder, par exemple, avec des dialogues débités façon mitraillette. Entendons-nous bien, ce n'est pas le même niveau d'exigence, mais c'est l'esprit. Qu'importe si la situation de départ est absurde et ses prolongements hautement improbables mais on aurait accepté encore plus de délire, sans rechigner. Dans le même temps, dans cette aventure entre mer et air, les personnages n'ont guère de consistance mais ce n'est pas leur profondeur psychologique qui importe, en l'occurrence. En matière de comédie romantique, forcément contrariée; le scénario avance ses pions dans les règles de l'art, avec l'ambition principale de divertir. Pour y parvenir, le film s'appuie surtout sur ses trois personnages principaux et les acteurs ne déçoivent pas dans un registre qui demande souplesse et capacité d'adaptation permanente. Pio Marmaï est dans son élément, de même que José Garcia. Quant à Eye Maïdara, elle se hisse sans peine à leur hauteur, avec une petite touche féministe, indispensable, n'est-elle pas ?
Prodigieuses de Frédéric et Valentin Potier
Dans la vraie vie, elles s'appellent Audrey et Diane Pleynet. Frédéric et Valentin Potier se sont inspirés des débuts de l'histoire de ces sœurs jumelles et l'ont transposé de nos jours, pour réaliser Prodigieuses qui aurait pu tout aussi bien s'intituler Miraculeuses, eu égard aux épreuves que ces deux pianistes virtuoses ont dû traverser. Le récit est édifiant et gavé de bons et forts sentiments s'écrieront peut-être les esprits chagrins mais il est surtout magnifique et rendu passionnant par l'intelligence de sa progression dramatique, avec variation des relations entre les deux belles sœurs, et la qualité de sa mise en scène. Sans compter les passages musicaux qui durent chacun la bonne durée, ce qui n'est pas toujours le cas dans les films consacrés au classique. Il n'y a jamais de chantage à l'émotion dans Prodigieuses même si celle-ci y est bien présente, tout comme certains personnages qui peuvent être de vrais ou de faux méchants,. Isabelle Carré et Frank Dubosc sont bien au générique mais s'ils tiennent parfaitement leur rôle, les deux grandes interprétations du film sont signées par Camille Razat et Mélanie Robert, magnifiques, autant crédibles dans leur gémellité que face au piano. Dans leur sororité, au sens premier du terme, on aura rarement vu aussi lumineux au cinéma, ces dernières années.
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