Guirlande de vieux films (Septembre/2)
Chirurgiens (Disputed Passage), Frank Borzage, 1939
Un étudiant en médecine est déchiré entre sa vocation et une jeune femme élevée en Chine. Sans doute le plus obscur des films parlants de Borzage, qui n'est pas une franche réussite dans un genre, le mélodrame, où le cinéaste excellait pourtant. A cause de dialogues assez mièvres et d'un scénario qui n'est pas loin d'être niais. La mise en scène de Borzage est pourtant irréprochable et efface en partie la mauvaise impression générale. On retrouve dans le film son idée si souvent illustrée que l'amour peut-être plus fort que l'amour et accomplir des miracles. Dorothy Lamour, dans un rôle empreint de douceur, surprend. Mais moins que Akim Tamiroff, saisissant en chirurgien misanthrope et cynique.
Jusqu'à notre prochaine rencontre (Mata au mi made), Tadashi Imai, 1950
Durant la guerre, un étudiant rencontre une jeune femme dans un abri anti-aérien. Ils vont s'aimer jusqu'à son départ au front. Cinéaste de gauche, Tadashi Imai a choisi la voie du mélodrame pour évoquer l'absurdité de la guerre et le militarisme forcené de son pays, au début de 1945. Un mélo plutôt bien tenu vers un dénouement lacrymal prévisible et un peu forcé, en revanche. Le film est bien construit, avec une scène inaugurale que l'on retrouve à l'identique quelques minutes avant la fin. Mise en scène correcte mais incapable de sublimer l'histoire à l'inverse d'un Naruse ou d'un Sirk. Des interprétations, homogènes, on retient surtout celles de Eiji Okada et de Yoshiko Kuga.
Professeur Mamlock (Professor Mamlock), Konrad Wolf, 1961
En 1933, un chirurgien réputé chasse son fils communiste de sa maison. Les deux hommes s'opposent pourtant au régime nazi. La pièce, écrite dès 1933 par un exilé allemand en France, a été la première à dénoncer les persécutions juives en Allemagne. Une première adaptation cinématographique a été réalisée en URSS en 1939 mais celle de Konrad Wolf lui est largement supérieure. Le cinéaste est-allemand, l'un des plus doués, réalise une oeuvre très forte, marquée par une narration disruptive, une mise en scène fluide et une interprétation remarquable. Tout juste peut-on lui reprocher une dialectique un peu lourde, assez fréquente dans un cinéma est-allemand souvent passionnant, moins propagandiste qu'on ne pense, et qui mérite d'être exploré.
La fille à l'écho (Paskutine otostogu diena), Arunas Zebriunas, 1964
Pour son dernier jour de vacances en bord de mer, une fillette rencontre un garçon auquel elle révèle son secret. Du lituanien Arunas Zebriunas, les spectateurs français ont pu en voir en salles l'an dernier La belle, une joli film rempli de poésie. La fille à l'écho, qui lui est antérieur, ne possède pas la même magie malgré de nombreuses similitudes dont son personnage principal, une fillette encore, qui joue du cor face à la mer et profite de son dernier jour en harmonie avec la nature. Elle est à l'opposé de ces garçons qui écoutent de la musique bruyante et s'amusent avec des jeux idiots. Un scénario très mince pour un film qui dépasse à peine une heure au charme évanescent.
L'œil de la serrure (El ojo de la cerradura), Leopoldo Torre Nilsson, 1966
Un militant d'extrême droite espionne ses voisins à l'hôtel et les soupçonne de de préparer un attentat. Figure majeure du cinéma de son pays, dans les années 50 et 60, au point d'avoir été surnommé le "Bergman argentin", Leopoldo Torre Nilsson mêle ici politique, interrogations existentielles et onirisme dans un film souvent déroutant mais loin d'être inintéressant. Il aborde notamment le cas des nombreux réfugiés espagnols dont une partie de la population se méfie. Avec sa manière elliptique, ses plans parfois sophistiqués et sa touche d'érotisme, le film se place parfaitement dans l'oeuvre de Torre Nilsson, un peu daté cependant et moins fascinant que La maison de l'ange, par exemple.
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 50 autres membres