Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Guirlande de vieux films (Octobre/1)

Simplet, Fernandel, 1942

Deux villages voisins ont des sorts contraires. Le premier nage dans le bonheur, comme protégé par la présence d'un simple d'autre et l'autre ne connait qu'avanies. Premier film réalisé par Fernandel, pour le compte de la firme Continental, mais qui doit beaucoup à Carlo Rim pour le scénario, les dialogues et sans doute la mise en scène. Quoi qu'il en soit, le film n'est pas mauvais du tout dans cette Provence caricaturée avec une grande tendresse. Cette histoire d'innocent aux mains pleines pourrait être qualifiée de Pagnol du pauvre mais recèle en elle de nombreux moments de poésie fruste et d'humour bon enfant. Fernandel compose un idiot pas si bête et amoureux avec une sobriété qui n'a pas toujours été de mise durant sa carrière. Et il est bien entouré d'acteurs solides et pittoresques : Edouard Delmont, Henri Poupon, Andrex, etc.

 

Les ailes blanches, Robert Péguy, 1943

Une religieuse, qui est entrée dans les ordres 40 ans plus tôt, essaie de venir en aide aux filles d'un musicien. Après le grand succès du Voile bleu, déjà avec Gaby Morlay, Les ailes blanches reprend les mêmes ingrédients mélodramatiques mais se révèle bien moins heureux tant sur le plan artistique que commercial. Le film est assez mal fichu avec un long flashback censé évoquer la jeunesse du personnage principal, la future nonne, alors âgée de 20 ans. Gaby Morlay qui en a bien plus que le double n'est pas crédible une seule seconde. Les valeurs morales vichystes sont à l'honneur dans ce laborieux pensum d'où n'émergent que l'excentique Saturnin Fabre et la sémillante Jacqueline Bouvier, la future madame Pagnol.

 

Fromont jeune et Risler aîné, Léon Mathot, 1941

À la mort du vieux Fromont, son fils s'associe à Risler et devient l'amant de sa femme. Mais celle-ci provoque la ruine de l'entreprise. Adapté du roman d'Alphonse Daudet, le film n'a pas laissé de traces, pas plus qu'elle n'a mis en avant son metteur en scène, Léon Mathot. Et pourtant, il n'a rien de déshonorant ce mélodrame bourgeois qui ne suit pas à la lettre le moralisme de Vichy. Grâce à un montage intelligent, le film réussit à donner sa chance à une multitude de personnages avec leurs nuances et à équilibrer les sphères intime et sociale. De l'adultère au centre de l'intrigue, toute l'usine en parle et Mathot surprend par sa capacité à faire comprendre les raisons de chacun sans condamner personne. Mireille Balin est étincelante et le pittoresque des prestations de Carette et de Larquey allège la lourdeur épisodique du récit.

 

Coup de tête, René Le Hénaff, 1944

Un jeune homme sportif crée, avec quelques camarades, une société dont le but est de protéger les honnêtes gens contre les coquins. Ce Coup de tête est vraisemblablement l'un des pires films tournés sous l'Occupation. Le degré zéro de l'écriture cinématographique avec un scénario ni fait ni à faire. Deux bagarres interminables, et très mal filmées, tiennent lieu de moments forts, si l'on peut dire, dans ce film sans idées qui croit s'en tirer avec quelques vagues gags, jamais drôles, et une amourette qui débarque du diable vauvert, 10 minutes avant la fin. On a connu Alerme bien plus alerte et le grand Jean Tissier autrement plus inspiré mais il est vrai qu'on lui fait faire n'importe quoi, même de la boxe. Navet est un terme bien trop sympathique pour cet inexplicable brouet.

 

Ademaï bandit d'honneur, Gilles Grangier, 1943

Ademaï débarque chez ses cousins corses, bien décidé à passer un mois tranquille. C'était compter sans la vendetta qui règne dans le village. Ecrit et joué par une majorité d'anciens prisonniers, fraîchement libérés, ce nouvel avatar des aventures d'Ademaï (le troisième) marque la première réalisation de Gilles Grangier. Le film qui raconte une vendetta molle et pour rire n'est pas très drôle mais pas totalement idiot non plus. Malheureusement, Noël Noël est comme toujours imbuvable ! Cela dit, le message contre quelque guerre que ce soit prend une certaine signification en la période où le film a été présenté aux spectateurs français (1943).

 



29/10/2019
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