Guirlande de vieux films (Mai/1)
Mise à sac, Alain Cavalier, 1967
Un commando de 12 hommes dévalise une petite ville au cours d'une même nuit après avoir neutralisé les principaux centres vitaux de la bourgade. Le troisième long-métrage d'Alain Cavalier, adapté de Westlake et coscénarisé par Sautet, est un pur film de casse tourné avec un réalisme de tous les instants et palpitant jusqu'à son brutal dénouement. Pas de violence mais un regard quasi documentaire sur cette bande ou chacun est un artisan, professionnel jusqu'au bout de son chalumeau. Impossible de ne pas éprouver de la sympathie pour ces malfrats entraînés dans une aventure dont ils méconnaissent la raison secrète. Le film n'a pas une seule minute de "gras", tout est en place pour garantir une efficacité maximum sans esbroufe aucune. Pas de grande vedette non plus, Michel Constantin, imperturbable, menant sa petite troupe avec son autorité naturelle. Dans son genre, l'un des films les plus originaux de la carrière pourtant fort riche de Cavalier.
Le temps de mourir, André Farwagi, 1970
Un homme d'affaires, qui vit en solitaire à la campagne, récupère un film, échappé des mains d'une cavalière blessée. Il montre son propre assassinat par un tireur inconnu. Il s'agit du premier film d'André Farwagi qui ne tournera que deux autres longs-métrages sans intérêt, se dédiant davantage à la télévision. Cette incursion dans le fantastique, rare dans le cinéma français et très stylisée, ne manque pas d'intérêt avec son côté romantico-tragique. Le spectateur a l'avantage de deviner mieux que les personnages du film que quand le futur s'écrit dès le présent, l'inéluctable est garanti. Avec ses éléments futuristes bien désuets aujourd'hui, Le temps de mourir est séduisant malgré des moyens limités et un montage souvent abrupt. Karina, Rochefort, Cremer : le casting est à la hauteur dans cette farandole funèbre sur la destinée humaine.
Amour de poche, Pierre Kast, 1957
Un biologiste trouve un procédé pour réduire et conserver la matière par pétrification, ce qui lui permet de transformer la jeune fille qu’il aime en statuette de poche. Il est amusant de constater que la même année, 1957, deux films se tournent en parallèle sur le thème de la miniaturisation avec L'homme qui rétrécit en Amérique et Amour de poche en France. Mais le premier long-métrage de Pierre Kast, scénarisé par France Roche, n'utilise l'argument fantastique que pour pimenter une comédie romantique amusante mais un peu fade, qui tourne en rond au bout d'une trentaine de minutes. Autre problème : Jean Marais est bien trop rigide pour jouer dans une fantaisie pareille où un Cary Grant aurait excellé. Outre Brialy, trop agité, le metteur en scène s'est amusé à donner de petits rôles à des célébrités de ses amis, tels Boris Vian ou Jean-Pierre Melville. A noter la très bonne interprétation d'Agnès Laurent qui tourna finalement assez peu et le plus souvent dans des rôles deshabillés sans grand intérêt.
Paris n'existe pas, Robert Benayoun, 1969
Victime d'une crise d'inspiration, un jeune peintre prend conscience de sa capacité à voyager dans le temps par la pensée. Critique éminent et compagnon de route des surréalistes, Robert Benayoun n'a réalisé que 2 films. Paris n'existe pas est une réflexion sur la relativité du temps et notre rapport avec ce dernier ("le temps demeure et nous passons"). Benayoun use de tous les moyens techniques dont il dispose pour commettre un long-métrage à la fois poétique et verbeux, onirique et nostalgique, virtuose et bricolé. Une sorte d'inventaire d'antiquaire où se côtoient éléments pop de l'année de tournage (1968) et décoration baroque des années 20 et 30. Ludique et inquiétant, parfois un brin sentencieux, le film est un peu gâché par l'interprétation fade de Richard Leduc et approximative de Serge Gainsbourg. En revanche, Danièle Gaubert séduit et pas seulement pour sa plastique.
Morgane et ses nymphes, Bruno Gantillon, 1971
Pendant un voyage en Auvergne, deux jeunes femmes, perdues et en panne d'essence, s'endorment dans une grange abandonnée. Au petit matin, l'une des deux a disparu. L'un des nombreux produits de la vague érotico-fantastique du début des années 70, le premier film de Bruno Gantillon (qui a surtout travaillé à la TV par la suite) tranche par son souci esthétique et la douceur de son ambiance féérique. L'éternelle jeunesse en est le thème même si le scénario manque singulièrement d'enjeux, un peu répétitif dans sa deuxième partie. Ce conte de fées pour adultes, qui ne compte qu'un seul rôle masculin consistant ("Aucun mâle ne vous sera fait", entend-on deux fois. Ou bien est-ce "mal" ?) vaut pour la beauté de ses deux principales héroïnes, Dominique Delpierre, qui a fait une petite carrière en tant qu'actrice et écrivaine, et Mireille Saunin, que l'on n'a plus revue, hélas. Autre personnage très photogénique : le château de Val, dans le Cantal.
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