Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Guirlande de vieux films (Janvier/1)

La Horse, Pierre Granier-Deferre, 1970

Un propriétaire terrien en Normandie découvre que son petit-fils se sert d'une des cabanes du domaine pour y cacher de la drogue. L'intérêt principal de La Horse est d'y voir Gabin près de la fin de sa carrière, au charisme intact, dans un rôle à la Bronson, avec des idées sans doute proches des siennes. Ici, pas question de se laisser ennuyer par des trafiquants et la meilleure méthode est celle de la radicalité. Le film est sec et mutique à l'image de son héros taciturne et guère affligé par les remords de conscience. La Horse est efficace mais difficilement défendable aujourd'hui pour son éloge évident de la justice personnelle. Et on y massacre aussi les animaux sans complexe. A partir du moment où la violence s'installe, le film devient de moins en moins crédible et l'enquête policière ne l'est pas davantage si ce n'est qu'elle ne sert qu'à ridiculiser la justice officielle. A noter la musique de Gainsbourg, plutôt guillerette, qui sert de contrepoint utile à la noirceur de l'intrigue.

 

Le récif de corail, Maurice Gleize, 1939

A Brisbane,Ted Lennard a tué un truand au cours d'une bagarre. Recherché par la police, il réussit à embarquer sur un cargo qui part pour le Mexique. Qu'attendre d'un réalisateur dont l'avant-dernier film s'intitulait : Et moi, j'te dis qu'elle te fait de l'oeil et qui a signé en 1942 le plus vichyste des films : L'appel du bled ? Quand on s'appelle Gleize, il est bien normal de soutenir le retour à la terre, non ? Le récif de Corail a été considéré comme perdu avant qu'une copie ne soit retrouvée en 2002. Bien entendu, vu le mal qui s'en dit un peu partout et le passé de tâcheron du cinéaste, on en attend peu, malgré le duo Gabin/Morgan, découvert un an auparavant dans Le quai des brumes et que l'on reverra dans Remorques. Gleize n'est ni Carné ni Grémillon et le scénario de Spaak ne brille pas par sa crédibilité. D'accord, mais les péripéties s'enchaînent sans temps morts, il y a la belle photo de Jules Krüger, des seconds rôles nommés Fabre, Carette, Deniaud, Bussières et surtout Pierre Renoir en flic vêtu de cuir (cela fait plus allemand qu'australien et d'ailleurs le film est une production de la teutonne UFA). Bref, un brin d'aventure et de poésie et deux oisillons perdus sous les traits de Michèle et Jean. Quand on a un coeur de midinette et le goût des films français des années 30, on peut se laisser séduire (avec modération).

 

Florence est folle, Georges Lacombe, 1944

A la suite d'un accident de voiture, l'épouse guindée d'un procureur se réveille en croyant être une vedette de music-hall. Le film appartient à cette veine de films très légers, à l'aspect de galéjade, comme il s'en tourna beaucoup sous l'Occupation. L'argument est assez ridicule reprenant un thème convenu : comment un couple redécouvre l'amour en se libérant des convenances. On est proche du théâtre filmé mais l'ensemble est assez enlevé malgré tout et on peut y prendre un menu plaisir si on laisse ses exigences cinématographiques habituelles au vestiaire. Annie Decaux et André Luguet s'agitent sans trop cabotiner et ce sont comme souvent les seconds rôles qui sauvent en partie les meubles. En l'occurrence, ici, le toujours impeccable Yves Deniaud. Une oeuvrette dispensable dans la filmographie de Georges Lacombe mais amusante faut-il l'avouer, sur l'instant, avant d'être oubliée.

 

La maison des sept jeunes filles, Albert Valentin, 1942

Un veuf a des ennuis d'argent et sept filles à marier. Un créancier, prétendant timide, est incapable de se décider. Une adaptation de Simenon mais qui n'a rien à voir avec le genre policier. C'est un film assez charmant, dans un premier temps, mais qui tourne en rond assez vite, avec sept jeunes femmes qui minaudent et parmi lesquelles on retient surtout la prestation de Jacqueline Bouvier, future madame Pagnol. Jean Tissier, de son côté, est assez sobre par rapport à d'habitude mais ce manque d'emphase le rend finalement assez terne. C'est donc gentillet dans l'ensemble malgré l'alliance belge entre son réalisateur Albert Valentin et son dialoguiste Charles Spaak. Un attelage que l'on retrouvera avec une toute autre ambition dans l'excellentissime La vie de plaisir (1944).

 

Service de nuit, Jean Faurez, 1943

Suzanne est la téléphoniste en chef d'un petit village savoyard. La nuit, au gré des conversations qu'elle écoute, elle s'efforce d'éviter les drames. Un film choral oublié d'un cinéaste, Jean Faurez, qui ne l'est pas moins. Ce qui est fort dommage car il montre ici un certain savoir-faire dans la mise en scène alors que les protagonistes sont nombreux et que les situations s'entremêlent. Certes, rien d'ébouriffant dans celles-ci : un début d'adultère, une affaire de police, un accident de voiture et même un chaton abandonné par sa mère. L'ouvrage est plutôt plaisant et optimiste. Un an après avoir fait pleurer la France entière avec Le voile bleu, Gaby Morlay trouve un rôle bien plus gai dans lequel elle excelle. Elle est bien entourée : Dumesnil, Carette, Gabrielle Fontan, la belle italienne Vivi Gioi et, de façon plus épisodique, Seigner, Deniaud, Dhéry, Frankeur et Simone Signoret.

 



06/01/2019
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 50 autres membres