Cinéphile m'était conté ...

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Grappillage de vieux films (Octobre/2)

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Du soleil dans les yeux (Il sole negli occhi), Antonio Pietrangeli, 1953
Celestina est une jeune fille de la campagne qui quitte son village natal pour se rendre à Rome où elle travaille comme femme de chambre. S'il est moins abouti que ses films suivants, le premier film d'Antonio Pietrangeli pose les jalons d'une oeuvre dont une grande partie est consacrée à la condition féminine dans l'Italie économiquement prospère (pour certains, dans les années 50 et 60). Celestina est un soeur lointaine de l'héroïne du meilleur film de Pietrangeli, Je la connaissais bien, dans lequel l'héroïne finissait par se suicider. Un cinéma de l'amertume, de la tromperie (par des hommes veules et séducteurs) et de la désillusion. Le cinéma de Pietrangeli, hélas mort prématurément, de noyade, à l'âge de 49 ans, est à mi-chemin entre ceux de Valerio Zurlini et de Mikio Naruse.

 

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Des flammes dans l'obscurité (Lagor i dunklet), Hasse Ekman, 1942
Après la mort de sa mère, un professeur de lycée déménage et se marie. Devant la recrudescence d'incendies, un élève le soupçonne d'être le pyromane. Film noir à la suédoise qui explore les méandres du mal dans un esprit tourmenté. Particulièrement bien fait, notamment grâce à des éclairages qui n'ont rien à envier aux productions américaines de l'époque. Hasse Ekman, qui est encore un jeune réalisateur de 27 ans parvient à partir d'un scénario assez banal, avec ses "tentations" psychiatriques, à réaliser une oeuvre cohérente où les personnages sont bien dessinés pour lesquels il montre une grande bienveillance (hormis pour le criminel, évidemment). Interprétation de bon niveau, hormis pour le pyromane, joué de façon outrée par une gloire locale, Stig Järrel.

 

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Manille, dans les griffes des ténèbres (Maynila: Sa mga kuko ng liwanag), Lino Brocka, 1975
Pêcheur dans son village, Julio rejoint Manille à la recherche de sa fiancée. Il se fait embaucher dans un chantier de construction. Tourné avant Insiang, Manille est le seul film philippin à figurer dans 1001 films à voir avant de mourir. Cette plongée en enfer décrit avec rudesse la vie quotidienne des plus pauvres ainsi que la corruption et les filières de prostitution, masculine ou féminine. Si le film peut sembler parfois se perdre dans des méandres digressifs, Lino Brocka sait parfaitement où il va, dans un engrenage fatal vers la tragédie. Moins bien écrit qu'Insiang, il n'en reste pas moins de la race des grands films proches du néo-réalisme.

 

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Diaboliquement vôtre, Julien Duvivier, 1967
Amnésique après un accident de voiture, Georges ne reconnait pas plus sa femme que sa maison. Ultime film de la carrière de Julien Duvivier, Diaboliquement vôtre est un petit thriller comme on en a vu des centaines dans le cinéma français des années soixante. Le scénario repose sur une idée de départ, une manipulation qu'il est aisé de deviner, qui n'est révélé que dans les dernières minutes avant un dénouement pour le moins curieux. C'est un peu mou et répétitif, avec quelques incohérences au passage. Delon fait bien son travail face à une Senta Berger qui, bien que charmante, n'a que peu d'occasions de montrer d'éventuels talents d'actrice. Le film commence par un accident de voiture, ironie du sort, Duvivier décèdera de cette façon, deux mois avant la sortie du film.

 

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Thunder Rock, Roy Boulting, 1942
En 1939, Un journaliste antifasciste anglais, dégoûté par le manque de réaction de ses concitoyens devant la montée des périls, se retire dans un phare où chaque nuit il converse avec des naufragés d'une tempête, morts 90 ans plutôt. Thunder Rock est un film de propagande très spécial, adapté d'une pièce de théâtre, et qui en a certains défauts dont un certain statisme. Néanmoins, son scénario à tiroirs est extrêmement surprenant puisque la majeure partie du film se passe uniquement dans la tête de son héros. Une touche de fantastique qui rappellera certains films de Michael Powell mais aussi, avec son évocation des revenants Le sixième sens de Shyamalan (en plus intense, d'une certaine façon). Cette oeuvre, qui prône la lutte contre l'obscurantisme à toutes les époques, et ici évidemment contre le nazisme, est parfois bancale mais elle est également puissante. Michael Redgrave impose une fois son charisme dévastateur (quelle star ce serait aujourd'hui) et Lilli Palmer et James Mason, dans des rôles courts, impressionnent par leur justesse. Roy Boulting, de même que son frère jumeau John, se dirigea ensuite vers des comédies satiriques dans l'Angleterre des années 50.

 



25/10/2016
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