Glanage de vieux films (Juin/1)
Une ville natale dans le coeur (Ma eumui gohyang, Yoon Yong-kyu, 1949)
L'un des tous premiers classiques du cinéma coréen, peu d'années après le départ de l'occupant japonais. L'histoire de Do-Seong, garçon de douze ans, abandonné par sa mère, qui vit dans un temple bouddhiste. Une jeune veuve le rencontre et souhaite l'adopter alors que sa mère fait sa réapparition. Un mélodrame très pur, qui évite les larmes, assez critique vis à vis de la religion, magnifié par de superbes images de nature et une mise en scène qui rappelle les grands maîtres japonais. Ce fut le premier film de Yoon Yong-kyu, peu apprécié des autorités de Séoul, ce qui incita le réalisateur à poursuivre sa carrière en Corée du Nord. Il y a indubitablement dans le film quelque chose qui préfigure le Printemps, été, automne ..., de Kim Ki-duk.
Vocation secrète (Boots Malone, Wiliam Dieterle, 1952)
Un film sur l'univers des jockeys, ok ! Des poncifs poussifs : l'entraîneur loser, les paris truqués, le gosse qui fugue et se trouve un nouveau père (ben oui, l'entraîneur). Le scénariste ne s'est pas foulé, les chevaux non plus, heureusement. William Dieterle filme tout cela avec tout le professionnalisme qu'on lui connait et un William Holden moyennement concerné. Au trot.
Que personne ne sorte ! (Ivan Govar, 1965)
Dans les environs de Bruges, un soir de Noël, une veuve attend avec impatience l'arrivée d'un homme rencontré quelques mois plus tôt. Celui-ci débarque avec quelques amis, avec lesquels il vient de kidnapper la petite fille d'un industriel. Nous voici en présence d'un authentique nanar, qui se sait tel et l'assume parfaitement. Tout sonne délicieusement faux, à commencer par le jeu outré d'une bande de comédiens fort peu pénétrés de l'intérêt de leurs rôles : Marielle, Maillan, Nicaud, Roquevert, Hahn, etc. Ce divertissement policier est adapté d'un roman de Stanislas-André Steeman. Ivan Govar, le réalisateur belge, est un individu intéressant. Il dirige son premier film à 20 ans, en tourne 7 autres avant d'abandonner définitivement le cinéma, à 31 ans, vexé par le tombereau de critiques qui s'abat régulièrement sur lui. Il mourra jeune, d'ailleurs. Restent ses films, qui font les délices des amateurs de curiosités cinéphiliques.
Cette nuit ou jamais (This could be the night, Robert Wise, 1957)
Une prof d'anglais trouve un travail à mi-temps comme secrétaire dans une boîte de nuit. La belle saura t-elle s'intégrer à ce monde du vice ? Un Wise rare, qu'il est sage de découvrir, d'autant qu'il est goûteux à souhait. Des dialogues ciselés, un rythme d'enfer, du jazz clinquant et une histoire d'amour contrariée qui finit bien. Un régal de comédie sociale, hollywoodienne et intelligente (ce n'est pas incompatible) où le mauvais garçon succombe aux irrésistibles yeux noirs de Jean Simmons. Veinard !
Stolen Holiday (Michael Curtiz, 1937)
Années 30, Paris. Un certain Orloff fait rapidement fortune en nouant des amitiés douteuses dans la police et le monde politique. Le film est clairement inspiré de la célèbre affaire Stavisky, même s'il s'en éloigne quelque peu (le film de Resnais est bien plus fidèle). Michael Curtiz, qui n'a pas sa caméra dans sa poche, filme sans temps morts avec un Claude Rains parfaitement suave et séducteur dans ce rôle d'escroc. Un intermède sentimental agrémente le scénario, pas indispensable, dont le mérite est de faire admirer la plastique irréprochable de Kay Francis et, surtout, son jeu très moderne. Un Curtiz dans la norme, c'est à dire de bonne facture.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 50 autres membres