Glanage de vieux films (Février/3)
Les arrivistes (Louis Daquin, 1959)
Louis Daquin, cinéaste communiste, est allé tourner cette adaptation de La rabouilleuse de Balzac (la meilleure) dans les studios d'Allemagne de l'est, sans que cela nuise à sa qualité.
Grande fidélité à l'écrivain dans un scénario implacable qui ne progresse qu'à coup de basses manoeuvres et de comportements cyniques, avec pour visées uniques : le pouvoir et l'argent. Décors et costumes sont impeccables dans une mise en scène qui laisse une grande place aux contrastes. Tout juste peut-on reprocher au film une accélération du rythme dans sa dernière partie, au prix de nombreuses ellipses, comme s'il était impératif de ne pas dépasser une durée de deux heures. Des contraintes commerciales qui donnent un tout petit goût d'inachevé à cette oeuvre d'excellente tenue, dans laquelle le quasi oublié Jean-Claude Pascal démontre toute sa palette de jeu.
My Life with Caroline (Lewis Milestone, 1941)
L'adaptation d'une obscure pièce de théâtre française remodelée par Hollywood. On ignore ce que valait l'oeuvre originale (un peu plus que tripette ?), le film est en tous cas une piètre comédie de moeurs avec un mari qui intervient dès que son évaporée d'épouse est sur le point de la quitter pour un quidam de passage, c'est à dire au moins une fois par an. Pas drôle, aussi pétillant qu'un mauvais mousseux, ce vaudeville mondain est consternant. D'autant que Ronald Colman semble se désintéresser de l'affaire et que Anna Lee justifie, par son jeu insignifiant, qu'elle ne soit jamais devenue vedette.
Quelle joie de vivre (Joy of Living, Tay Garnett, 1938)
Prisonnière de son cocon familial, une jeune chanteuse à succès de Broadway rencontre un play-boy qui lui fait découvrir les plaisirs de la vie. Autant la première partie du film est convenue, autant la deuxième, totalement débridée séduit par son côté "Screwball Comedy." Irene Dunne chante, irrite, charme et conquiert les coeurs. Bonne prestation de Douglas Fairbanks Jr., qui fait penser à Clark Gable, avec moins de vista, malgré tout.
La vie de bohème (Marcel L'Herbier, 1942)
Bien que sorti seulement en janvier 1945, soit plus de deux ans après son tournage, La vie de Bohème est emblématique d'un certain cinéma français, destiné, sous l'Occupation, à divertir les foules. Cette adaptation de Murger, agrémenté des notes de Puccini, est pourtant une purge redoutable. Sinistre dans une première partie censée être insouciante, risible en la deuxième, dans ses oripeaux de mélodrame qui n'en finit pas. Tellement vieillot ce film, qu'il a l'air de dater d'avant l'invention du cinématographe. Horreur !
La guerre des boutons (Yves Robert, 1961)
(Re)voir l'original après avoir jeté un oeil à l'un de ses remakes récents est une cure de jouvence. Tout y est : innocence, fraîcheur et spontanéité. L'empathie de Robert pour ses personnages, qui est sa marque de fabrique, n'a jamais été aussi éclatante. L'interprétation des enfants est stupéfiante de naturel, au contraire des adultes qui se sentent obligés de faire dans l'outrance pour se mettre au niveau. Il y a pourtant de futures pointures parmi eux : Dufilho, Galabru, Richard et même Pierre Tchernia, venu en ami. Mais ce ne sont pas eux pas eux qui ont de l'importance, c'est un film à hauteur d'enfant qui oublie de bêtifier. Un classique indémodable.
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