Faisceau de vieux films (Août/2)
Viza na zloto, France Štiglic, 1959
Un véritable film noir, façon yougoslave, avec le talentueux cinéaste France Štiglic aux manettes, pourquoi pas ? Visiblement, il est n'est pas trop motivé par le genre, le réalisateur de La vallée de la paix, ou bien le scénario est-il trop scolaire pour lui, sans compter un budget qui semble riquiqui. On y trouve cependant quelques personnages familiers : le héros, séduisant, mais trop avide, sa blonde, amoureuse et naïve, le frère, qui obéit à son aîné et le truand, spécialiste du trafic de morphine. Cela se regarde sans regarder sa montre, mais il y a quand même peu à se mettre sous la dent, même le dénouement paraît presque téléphoné.
Seulement des humains (Sano ljudi), Branko Bauer, 1957
Si les personnages ne parlaient pas croate, Only People pourrait facilement passer pour un grand mélodrame hollywoodien des années 50. Imaginez un ingénieur unijambiste, la faute à la guerre, qui tombe amoureux d'une jeune femme aveugle qui ignore son handicap à lui. Les deux font même du ski, ensemble, sans tomber. Mais avec l'opération qui va peut-être redonner la vie à son amie, l'ingénieur se sent de plus en plus honteux de son état. Inutile de préciser comment tout cela se terminera. Un chouette film, pudique et riche en humour, agrémenté de seconds rôles pittoresques, poignant juste ce qu'il faut. Régulièrement élu parmi les meilleurs films croates de tous les temps.
Memento, Dimitrie Osmanli, 1967
Le réalisateur macédonien Dimitrie Osmanli a construit Memento autour du grand tremblement de terre qui frappa Skopje en 1963, détruisit 80% de la ville et fit plus de 1000 victimes. Jana, son héroïne endeuillée, navigue entre plusieurs relations sentimentales : un ami d'enfance, un garçon de son âge, chanteur pop, un médecin américain et un chef d'orchestre allemand. Le film use et abuse des flashbacks, avec une caméra parfois trop agitée, mais demeure le portrait sensible d'une jeune femme déboussolée, au passé meurtri et à l'avenir incertain. Plus largement, Memento évoque les catastrophes du XXe siècle, de la Seconde Guerre mondiale au Vietnam. L'actrice principale, Renata Freiskorn, n'a tourné que dans une poignée de films et est morte prématurément à 42 ans.
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