Cinéphile m'était conté ...

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Fagot de vieux films (Avril/3)

Le squelette de madame Morales (El esqueleto de la señora Morales), Rogelio A. Rogelio A. González, 1960

Dans l'âge d'or du cinéma mexicain (1940-1960), aux noms plus ou moins familiers d'Emilio Fernández, d'Ismael Rodríguez, de Roberto Gavaldón, voire de Julio Bracho, il conviendrait sans doute d'ajouter celui de Rogelio A. González, à condition d'accéder à ses films. La découverte de Le squelette de madame Morales est en tous cas une belle source de jubilation. Cette comédie noire, aux confins du fantastique, s'en prend avec délectation à la petite bourgeoise bigote et à une Église toute-puissante, qui se veut directrice de conscience de tout un pays. La forme n'est pas en reste dans cette fable aux accents surréalistes, la mise en scène de Rodríguez osant quelques cadrages joliment biscornus. La vie conjugale en prend pour son grade et c'est à se demander qui veut la peau du taxidermiste, homme plutôt bienveillant et épicurien dont la vie de couple est devenue un enfer à cause d'une épouse confite en dévotion et habile à se poser en victime auprès de son entourage. La suavité du grand acteur Arturo de Córdova n'est pas pour rien dans le plaisir pris devant cette pépite qui se dévoile enfin au public européen.

 

Cada quién su vida, Julio Bracho, 1960

L'origine théâtrale de Cada quién su vida est très visible dans ce film de Julio Bracho. La mise en scène,

très fluide, fait souvent oublier cet écueil et les personnages, assez pittoresques, abondent dans cette nuit

de la Saint-Sylvestre, dans un cabaret de Mexico, où l'alcool et la mélancolie coulent à flots. Entre des

prostituées dont certaines recherchent le grand amour et des clients qui n'ont pas mieux à faire ce soir-là,

les histoires s'entrechoquent, fausses ou réelles, et les personnalités se dévoilent, peu ou prou. La fête est

un peu triste mais certains cœurs se réchauffent tout de même, du moins pour un temps. Un film cruel,

parfois répétitif, mais riche en humanité.

 

Les frères Del Hierro (Los hermanos Del Hierro), Ismael Rodriguez, 1961

Dans le classement des meilleurs films mexicains de tous les temps, réalisé en 1992, Les hermanos Del Hierro apparaît à la 15èmr place. Ce western a des accents shakespeariens, pour deux frères qui ont vu leur père assassiné sous leurs yeux d'enfants, et qui ont élevés dans le culte de la vengeance par leur mère. Très stylisé, parfois poétique, le film se démarque surtout par ses transitions brutales dans une spirale de violence que rien ne semble pouvoir arrêter. Pas étonnant que le film d'Ismael Rodriguez, cinéaste mexicain majeur de l'après-guerre, soit devenu un classique car il synthétise beaucoup de traits de la société de son pays, à commencer par le machisme. Les cinéphiles les plus curieux noteront les petits rôles de deux figures incontournables du cinéma mexicain : Pedro Armendáriz et Emilio Fernández.

 

 



25/04/2024
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