Fagot de vieux films (Août/5)
Akutarô, l'impénitent (Akutarô), Seijun Suzuki, 1963
Mignon n'est pas le qualificatif habituellement dévolu au cinéma de Seijun Suzuki mais Akutarô donne ce sentiment, parmi d'autres, profonds, dont la tristesse qui émane du dénouement. Le film a souvent un ton de comédie, voire de burlesque, pour fustiger l'ordre qui règne dans un établissement scolaire qui privilégie la discipline et la morale à toute autre caractéristique. Le héros adolescent est donc un rebelle, prêt à défier l"autorité, en attendant de vivre sa vie à Tokyô, loin de la bourgade rurale où sa mère l'a abandonné. Le film se déroule au début de la deuxième décennie du XXe siècle, à l'ère Taishô, en un temps où la culture occidentale pénètre progressivement au Japon, symbolisée ici par un roman de Strindberg. Adapté d'un roman autobiographique, Akutarô, de par son ironie sociale et sa remarquable reconstitution d'époque, constitue une belle illustration du talent de Suzuki, quoique de manière moins spectaculaire qu'à l'habitude.
Dix femmes en noir (Kuroi jûnin no onna), Kon Ichikawa, 1961
Pour mettre fin aux agissements d'un séducteur compulsif, neuf de ses maîtresses et sa propre épouse, ont décidé de l'éliminer. Cependant, comme il s'agit d'un film d'Ichikawa, cette comédie noire joue beaucoup sur l'absurde des situations et présente d'ailleurs le Casanova japonais comme un brave type qui ne cherche pas particulièrement les aventures. Le film condamne le sexisme de la société japonaise des années 60 et se moque de la télévision dont l'objectif est de "tuer" le cinéma. Mais le principal attrait de Dix femmes en noir, au-delà d'un scénario qui finit par patiner, est de voir réunies à l'écran quelques unes des plus talentueuses actrices du cinéma japonais de l'époque, dans des rôles où elles peuvent tenir des discours moins convenus que habituellement. Mais bon, on le sait, être une femme libérée n'est pas si facile ...
Tous mes enfants (Minna waga ko), Miyoji Ieki, 1963
Basé sur les archives d'une école élémentaire tokyoïte, évacuée à partir de juin 1945, le film de Miyoji Ieki livre une reconstitution très authentique, dans une veine presque documentaire, ou plutôt néo-réaliste. La pénurie de nourriture et l'endoctrinement des enfants participent de la vie quotidienne dans cette école mais les jeux de leur âge, leur débrouillardise et les bagarres fréquentes, en dehors des cours, sont aussi de la partie et, quand les adultes se désespèrent de la reddition du Japon, les gosses font la fête, car ils vont retrouver leurs parents et leur environnement familier. A hauteur d'enfants, le film rappelle le cinéma de Shimizu, en moins brillant, cependant, dans sa mise en scène.
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