Cinéphile m'était conté ...

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En ligne avec trois continents (2)

 

Suite de mon périple sur 3 continents ...

 

La bergère et les sept chants (Laila aur satt geet), Pushpendra Singh, Inde

Au pied de l'Himalaya, la bergère nomade Laila, tout juste mariée, suscite le désir des hommes. Il y a bien sept chants dans le film mais rien à voir avec les ritournelles sucrées de Bollywood, il s'agit bien de cinéma indépendant indien. Sérieux, oui, mais aussi comique parfois, quand la belle bergère, harcelée par un gendarme, lui donne rendez-vous la nuit, auquel elle se rend invariablement avec son mari. L'aspect répétitif du scénario est largement contrebalancé par la beauté des paysages, les sommets empanachés de neige et la forêt luxuriante, dans ce coin du Cachemire où la violence rôde, hors champ. Inspiré par un conte du XIVe siècle, le film a un côté intemporel, avec son peuple nomade qui continue de vivre comme dans le passé malgré les contrôles fréquents des policiers. Laila, femme émancipée qui se refuse aux regards masculins libidineux masculins, et parfois aussi à son époux trop empressé, est un beau symbole féministe d'aujourd'hui même si le long-métrage de Pushpendra Singh ne peut se résumer à cela, y ajoutant des aspects sociaux et politiques, discrets mais réels. Avec un peu de rythme en plus, il aurait été encore plus passionnant. Pour ceux qui s'ennuieraient, ce qui ne devrait pas arriver, il y a toujours la possibilité de compter les moutons, présents dans à peu près la moitié des scènes.

 

Passer à autre chose (Nam-mae-ui Yeo-reum-bam), Yoon Dan-bi, Corée du Sud

Okju et Dongju s’installent dans la maison de leur grand-père pendant les vacances d’été, après que leur père ait fait faillite. Peu de temps après, leur tante, emménage dans la maison. Premier long-métrage d'une jeune cinéaste coréenne, Moving on (titre international) est une chronique familiale douce-amère, avec 3 générations sous le même toit. Un film en chuchotements plus qu'en cris, avec un aspect contemplatif raisonnable, qui ne recherche pas l'émotion de manière directe mais qui pose ses jalons petit à petit, faisant comprendre subtilement un certain nombre de failles dans la vie de chacun, notamment pour les adultes (divorce, échec professionnel). Certaines choses auraient sans doute mérité plus d'explications mais la réalisatrice, Yoon Dan-bi, préfère les laisser en suspens, dans un récit tout en humilité, et à hauteur d'enfant, qui rappelle, toute proportions gardées, le cinéma de Ozu.

 

Vert (Verde), Alfonso Morgan-Terrero, République Dominicaine

Trois jeunes hommes doivent assumer les conséquences d’un vol dans un camp d’extraction d’or alors qu'un père lutte pour rembourser la dette. Difficile de se repérer dans ce long-métrage d'Alfonso Morgan-Terrero, cinéaste issu du Bronx avec des origines jamaïco-dominicaines. Les 6 chapitres qui se succèdent ne semblent pas chronologiques et à un certain réalisme se mêlent des séquences oniriques qui entretiennent la confusion sur la signification profonde du récit. La mise en scène est plutôt inspirée, avec une belle photographie qui souligne la beauté des paysages du pays. L'interprétation est correcte mais le film donne assez peu d'informations sur les différents protagonistes et le vol d'or qui est mentionné à plusieurs reprises n'est jamais montré, même s'il est le déclencheur de tout ce qui va suivre. Un film très personnel, donc, mais trop mystérieux dans ses curieux développements pour séduire.

 



25/11/2020
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