Cinéphile m'était conté ...

Quelle mouche a piqué les distributeurs ? Ce mois de décembre est le plus riche de l'année pour les cinéphiles qui s'intéressent autant aux blockbusters (Le Hobbit, Exodus) qu'aux films en provenance de Cannes, et parmi les meilleurs (White God, Mr. Turner, Charlie's Country, Timbuktu), ou encore à des friandises plus pointues venues de Lituanie, Géorgie, des Etats-Unis ou de Chine. Et le cinéma français dans tout cela ? Fidèle au poste avec une diversité affolante (de Letourneur à Wargnier en passant par le carton assuré de La famille Bélier). On en oublierait presque La French dans ce riche paysage, sous prétexte que l'histoire est connue (Le juge Michel contre le truand Zampa, oui, on sait comme ça se termine). Mais on aurait bien tort de négliger ce film très seventies qui remet au goût du jour les rouflaquettes et Call me de Blondie. Sur un scénario très écrit et malgré une mise en scène indolente, Cédric Jimenez nous propose un affrontement haut de gamme entre deux hommes à très forte personnalité, sans négliger le climat délétère de Marseille à l'époque avec les relations équivoques entre police, politique et grand banditisme. La French, qui penche plus du côté de Placido que de Scorsese, orchestre un véritable duel au soleil, mais à distance (la première rencontre des deux "héros" n'intervient qu'après une heure) qui ne manque pas d'allure. On regrettera que les personnages féminins soient largement sacrifiés (dommage pour Céline Sallette, l'actrice française du moment, et pour Mélanie Doutey) et on comptera les points entre Dujardin et Lellouche. Ce dernier l'emporte d'une courte encolure, tout simplement parce que contrairement au juge Michel, monomaniaque et obsédé par la traque, Zampa est un caractère plus énigmatique, moins lisible et le comédien y trouve l'inspiration pour la meilleure interprétation de sa carrière, et de loin.