Cinéphile m'était conté ...

Ultra moderne solitude. Jusqu'à se réfugier dans un amour virtuel avec la voix d'une intelligence artificielle évolutive. De quoi parle Her sinon de notre monde en marche avec une petite touche futuriste ? Dans 2001, l'ordinateur raisonnait, dans le film de Spike Jonze, sa technologie encore plus sophistiquée lui fait éprouver de faux vrais sentiments. Une histoire d'amour, avec ses moments d'euphorie et ses instants de doute, quoi de plus banal en somme et le scénario de Her n'innove en rien en la matière. Mais Jonze est un cinéaste qui sait insuffler un courant poétique dans l'univers utopique qu'il décrit, avec délicatesse et une subtile mélancolie urbaine. Joaquin Phoenix, qui donne la réplique à une voix, même si c'est celle de Scarlett Johansson (l'un de ses rôles les plus charnels et habités sans qu'elle apparaisse une seule seconde), est touchant au possible, comme représentant de cette foule de solitaires en recherche désespérée de tendresse. Trouver l'âme soeur, aussi artificielle soit-elle, entreprise peut-être vouée à l'échec, est une quête qui parle à tous les humains qui possèdent encore un coeur.