Du soufre à l'émotion (Jeune & Jolie)
De son affiche à sa bande-annonce, en passant par les déclarations, maladroites, de son réalisateur, Jeune & Jolie semble avoir été "marketé" comme film sulfureux, voire choquant. Sauf que Ozon est trop malin pour s'en tenir à l'argument de base du film : une fille de 17 ans, sans soucis d'argent, se prostitue occasionnellement et de son plein gré. Ce n'est que prétexte à un portrait d'adolescente parmi les plus beaux et ambigus que le cinéma ait eu à proposer. Comme il fallait s'y attendre, le cinéaste, après une demi-heure crue dans les mots et relativement pudique dans les images, passe à autre chose. Dans son cocktail, l'amoralité est un ingrédient parmi d'autres, il y a aussi de la tendresse, de l'humour, de l'ingénuité et de l'innocence. Et en passant, le film ne se prive pas de s'attaquer aux hypocrisies, moins voyantes certes, du monde des adultes. On reprochera certainement à Ozon son absence de point de vue et de jugement, avec pour corollaire la relativisation et la dédramatisation des agissements de cette jeune fille. Ce n'est pas nouveau, cette obsession qu'il semble avoir à créer le malaise. Comme une évidence, on va louer avec raison le jeu de Marine Vacth, sorte de Laëtitia Casta de poche, mais bien meilleure comédienne, qui tient pratiquement le film sur ses frêles épaules. Son face à face final avec Charlotte Rampling touche à la grâce absolue. On est très loin du soufre annoncé, quand l'émotion prend largement le dessus.
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