Cinéphile m'était conté ...

Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques, se demandait le maître Philip K. Dick, au milieu des années 60, récit devenu plus tard film culte sous le titre de Blade Runner. Personne ne connait la réponse, mais le monde des androïdes fascine toujours autant les cinéastes, n'est-ce pas M. Spielberg ? Eva nous vient d'Espagne, où le fantastique se teinte le plus souvent d'horrifique, et plus exactement de Catalogne, terre de naissance de son novice de réalisateur, Kike Mello. Tourné en Suisse, dans des paysages de neige, le film est censé se dérouler en 2041, mais il ne diffère guère de notre époque, hormis quelques gadgets et une noria de robots qui se mêle naturellement à la population humaine. Eva est un conte rétro-futuriste, dont le ton doux, pour ne pas dire doucereux, déconcerte, d'autant qu'une histoire sentimentale vient se greffer sur l'intrigue principale. Daniel Brühl, lui-même, est tout miel et il faut la tonicité et l'espièglerie du jeu de la jeune actrice Claudia Vega pour que le film ne sombre pas dans une léthargie à peine réveillée par quelques moments de poésie (et le Space Oddity de Bowie, qui colle bien au climat ambiant). Pourtant, le twist final fait voir Eva d'un autre oeil et donne in extremis une parcelle d'âme supplémentaire à ce petit film qui n'est pas loin de devenir grand.