Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Radicalité blanche (Le policier)

Un énorme choc que ce premier long-métrage israélien, dont la forme et surtout le fond ont divisé profondément spectateurs et critiques sur son territoire. Le policier est un film qui adopte une structure narrative troublante, passant d'une première partie réaliste : le quotidien de plusieurs policiers membres d'un corps d'élite, virils, narcissiques, qui érotisent leur violence intérieure, à une deuxième qui rejoint la politique fiction dans la description d'un groupe de terroristes amateurs, inspirés par les Brigades rouges, candides et indignés, qui politisent leur violence intérieure. Si les personnages peuvent apparaître caricaturaux, ils n'en reflètent pas moins la déréliction d'une société israélienne repliée sur elle-même, obsédée par l'ennemi palestinien (hors cadre ici, mais bien présent en filigrane), en proie à de graves inégalités sociales, malade de ses propres contradictions et d'un nationalisme exacerbé. Le film de Nadav Lapid est glaçant, d'une blanche radicalité, porté par une maîtrise de l'espace et des cadrages stupéfiante. Les dernières minutes sont éprouvantes, en huis-clos, avec l'inéluctabilité de la tragédie. L'ultime plan est sublime : un dialogue silencieux comme une promesse de changement. Le policier, avec sa sécheresse de ton, son montage déstabilisant, ses renversements de focale, n'est pas destiné à plaire à tout le monde. Tant mieux, il ne laissera personne tiède.

 




05/04/2012
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