De l'audace et de la naïveté (Les adoptés)
Elle est agaçante, Mélanie Laurent. Non contente d'être actrice, et de séduire Tarantino au passage, elle se métamorphose en chanteuse et s'épanouit en réalisatrice. A quand un premier roman ? Les adoptés commence avec la susdite, guitare à la main, sur le point de monter sur scène. Là, forcément, on se dit : "c'est pas vrai, elle va nous en pousser une petite." Pas la peine d'aiguiser les couteaux, comme un pied de nez, la scène se termine là et Mélanie ne chantera pas (qui a dit ouf ?). Les adoptés est un film hybride, typique des premières oeuvres, maladroite, naïve et pleine de jolies audaces. Stylistiques, surtout. L'apprentie réalisatrice tente des trucs, ose une mise en scène qui joue sur les flous, les ralentis, les ruptures de ton et les décalages son/image. Pas mal, mais un tantinet gauche. On peut trouver ça touchant, au moins dans la première partie du film, qui met en relief l'amour exclusif de deux soeurs. Et puis survient le drame, un tournant narratif qui s'avère fatal. Le film n'a plus que de l'émotion à donner et la machine se grippe, faute de sortir du cadre de l'intime, multipliant les redites et les patinages sur place. Coincée dans un schéma trop restrictif, Mélanie donne dans le sentimental sans recul. Mauvaise pioche. Et pourtant, pour quelques moments sincères traités avec finesse, pour l'interprétation sensible de Denis Ménochet et Marie Denarnaud, entre autres bonnes choses, on n'a pas le coeur d'accabler ces adoptés. Qui laissent entrevoir un avenir pour Mélanie Laurent cinéaste. Si son coup d'essai avait été parfait, alors là, pour le coup, elle aurait été franchement agaçante !
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