De Héraclite au Stabilo (Quai d'Orsay)
La première comédie de Tavernier ne pouvait être, vu les états de service du réalisateur, qu'adossée à une matière première solide et à un contexte chargé de sens. La diplomatie française, au temps de Villepin, a nourri Quai d'Orsay, la BD. Le film retrouve le même ton et une énergie qui doit beaucoup à un découpage rythmé et à un tourbillon symbolisé par un ministre vibrionnant, narcissique et obsessionnel : de Héraclite au Stabilo, lesquels nous valent les scènes les plus mémorables. Avec un Thierry Lhermitte en grande forme, dont le charisme envahissant a tout de même tendance à phagocyter les autres personnages, hormis Arestrup, toujours excellent d'autant qu'il a le rôle le mieux écrit. Ce vaudeville -les portes claquent, les papiers s'envolent-, est une comédie noire, brillante et cinglante qui bénéficie de dialogues d'une extrême efficience. La mise en scène de Tavernier, en revanche, se caractérise par une certaine raideur, un contrôle trop évident dans les dérapages qui empêche Quai d'Orsay de décoller. Tavernier est un cinéaste "sérieux" et même si son oeil est amusé et effaré, il n'a pas la "vis comica" d'un Preston Sturges si l'on se réfère aux grands classiques. Il se rapprocherait, toutes proportions gardées, plutôt d'un Capra, ce qui, ma foi, n'est pas la pire des comparaisons.
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