Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

D'Arras ton univers impitoyable (5)

Perdre son téléphone portable au cinéma, cela devait fatalement arriver. A l'heure qu'il est, il n'est toujours pas retrouvé. Ce fut pourtant auparavant une bonne journée avec notamment la prestation sur la scène du Casino de Jean-Pierre Bacri venu présenter La vie privée de Monsieur Sim. Hélas, un portable vous manque et tout est dépeuplé.

 

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L'enfant de personne (Nicije dete) de Vuk Rsumovic
Un enfant sauvage est découvert par des chasseurs, un jour de 1988, dans les forêts de Bosnie. Cette histoire vraie se démarque adroitement des films de Truffaut et de Herzog par sa volonté de ne pas se concentrer uniquement sur "l'éducation" de ce garçon élevé par des loups. Vuk Rsumovic, dont c'est le premier film, largement diffusé dans les festivals, parvient à nous glisser dans sa peau, dans ses rapports aux autres, à travers l'interprétation magistrale de Denis Muric. Le contexte politique, de la Yougoslavie à la guerre en Bosnie, est aussi très présent et contribue à rendre singulier cet apprentissage douloureux de l'état d'humain (plus cruel somme toute que celui d'animal). Le film n'a rien de didactique, il n'est que sensations et émotions, se refusant à l'apitoiement. C'est ce qui en fait sa force, brute et remuante.

 

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La vie très privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc (sortie le 16 décembre)
Le roman de Jonathan Coe, La vie très privée de Monsieur Sim, semblait du pain béni pour une adaptation cinématographique avec son héros en plein marasme dépressif qui se raccroche à tout ce qu'il peut pour ne pas sombrer (son GPS compris). Bien entendu, on aurait vu avec plaisir un Stephen Frears s'atteler à la tâche et donner toute sa dimension tragi-comique à ce cheminement d'un homme solitaire, maladroit et technologiquement connecté comme si cela pouvait donner un sens à sa vie. Jonathan Coe dit du film de Michel Leclerc qu'il est très "français". Est-ce un compliment dans sa bouche ? Cela prouve en tous cas que l'histoire qu'il raconte est universel et force est de constater que son esprit n'a pas été trahi. D'autant que c'est Bacri qui s'y colle. Les mauvaises langues diront qu'il fait du Bacri ! Voire. L'acteur est ici dans beaucoup de nuances et donne véritablement corps à ce Monsieur Sim.

 

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A une heure incertaine (A huma hora incerta) de Carlos Saboga (10 février)
A près de 80 ans, A une heure incertaine n'est que le deuxième film de Carlos Saboga. Exilé du temps de la dictature de Salazar, le portugais a retardé l'échéance faute d'opportunités et peut-être de confiance en lui. Il a cependant écrit pour les autres et notamment Les mystères de Lisbonne pour Raoul Ruiz. A une heure incertaine se déroule à une période particulière dans l'histoire du Portugal. En 1942, en pleine dictature, Lisbonne voit débarquer de nombreux réfugiés de l'Europe en guerre pour lesquels la ville est synonyme d'espoir et de refuge. Le film est un huis-clos, où l'ambigüité de cette situation se retrouve chez ses personnages dont on ne sait ce qu'ils prétendent être. Le climat est sensuel et oppressant et la violence est sous-jacente. Catlos Saboga réussit à rendre cette tension tangible jusqu'à son dénouement que l'on pourra juger un tantinet excessif.

 

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Ce sentiment de l'été de Mikhaël Hers (17 février)
Combien de temps dure un deuil ? Pour un compagnon ? Pour une soeur ? Ce sentiment de l'été nous parle de cette douleur sans pathos parce qu'il n'y a pas besoin d'expliquer. D'où la difficulté de filmer ces moments de creux où la vie continue parce qu'il n'y a pas d'autre choix. D'un été à un autre, de Berlin à New York, en passant par Paris, Mikhaël Hers oeuvre avec délicatesse mais en contrepartie, par excès de pudeur, sans doute, le chagrin n'est pas palpable car ses personnages se révèlent insaisissables englués dans une existence banale et un peu floue. Le film laisse une impression pour le moins mitigée donnant l'impression d'être trop évanescent, incapable de nous faire ressentir réellement le poids de la douleur.



11/11/2015
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