Conduite accompagnée (Drive)
Le prix de la mise en scène à Cannes, d'accord, Drive ne l'a pas volé. Mais cette quasi unanimité des critiques, ces spectateurs qui se pâment devant un chef d'oeuvre crépusculaire (sic), c'est un peu beaucoup pour une série B, gonflée à l'hélium, mais qui est davantage un exercice de style, racé, qu'une oeuvre avec un scénario original. A moins que la mise en scène, on peut y revenir, fasse à elle seule un grand film, moyennant quoi tous les Tarantino en seraient (des grands films), ce qui est loin d'être le cas. Soyons juste, ce Drive a de la gueule, portrait d'un solitaire au volant, joué par un Ryan Gosling inspiré, un samouraï à la Melville, dont la douceur apparente dissimule une violence qui éclate façon polar coréen, c'est à dire à la limite du supportable. En creux, la romance inachevée et impossible entre le héros et le personnage angélique incarnée par une toujours parfaite Carey Mulligan donne un peu de matière romantique dans le chaos ambiant. Pas assez, hélas. Sinon, Los Angeles de nuit est éminemment photogénique et Refn la filme avec maestria, la BO pop créant une atmosphère électrico/sensuelle. Bon, il y aussi quelques ralentis, pour rallonger la sauce et quelques poursuites en voiture qui ne cassent pas des briques. Film de genre, plutôt brillant, Drive peut difficilement concourir au titre de meilleur film de l'année. Du mois, non plus. De la semaine ? Euh, faut voir.
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