Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Concerto en Arras majeur (1)

affiche-date-300x300.jpg

 

C'est parti depuis hier soir. Jalouse a fait un tabac mais c'est normal, le film est fait pour cela, pour un public populaire, prêt à suivre Karin Viard dans les dédales d'une malveillance qui n'est pas inguérissable.

Aujourd'hui, c'est l'autre nature de ce festival désormais majeur, qui se révèle : défricheur, notamment pour les oeuvres venues de l'est. Un film serbe suivi d'un film tchèque, pour commencer, tous les deux devant représenter leur pays aux Oscars. Les trois autres films que j'ai choisis sont des avant-premières pures : Le musée des merveilles, Borg/McEnroe et Je vais mieux. Le second (voir par ailleurs) est de loin le meilleur.

 

rekvijem.jpg

 

Requiem pour Mme J (Rekvijem za gospodu J), Bojan Vuletic

Quinquagénaire et veuve depuis un an, Madame J n'a plus de goût à rien et envisage sérieusement le suicide. Le troisième film de Bojan Vuletic décrit une réalité bien triste dans une banlieue serbe sinistre. C'est la dernière semaine (peut-être) de cette femme que nous montre le film, entourée qu'elle est de figures presque essentiellement féminines : sa propre mère, mutique, et ses deux filles, l'une jeune et l'autre qui fait tourner la maison, en plus de s'occuper de son travail et de son fiancé. Ce n'est pas un hymne à la vie, ce serait beaucoup dire, mais il y a quelques bribes d'espoir, très ténues malgré tout. Quelques scènes kafkaïennes et un humour très noir égayent ce panorama pas très réjouissant. Le film vaut principalement pour l'interprétation de Mirjana Karanovic.

 

ice-mother_1.jpg

 

Ice Mother (Baba z ledu), Bohdan Slama

Hana est une veuve pas très joyeuse qui se démène pour ses deux fils et ses petits-enfants sans beaucoup d'amour en retour. Jusqu'au jour où elle découvre une communauté un peu frappée dont le hobby est la nage en eau glacée. Singulier sujet qui ne surprend pas de la part du cinéaste tchèque Bohdan Slama, auteur entre autres de Something like Happiness et de The Country Teacher. Le réalisateur est spécialiste de ce que l'on pourrait appeler des Feel Melancoholic Movies, dans la quête d'un bonheur pas très facile à attraper. D'autant plus dans un pays dont la mue vers le capitalisme ne se fait pas sans dégâts. Ice Mother penche du côté de la marginalité et de la quête de joies simples où la chaleur humaine prend le pas sur le matérialisme. C'est assez subtil et relativement triste avec un côté burlesque et absurde (ici avec une poule en guise d'animal fétiche). Un bon film, sans naïveté et sans larmes, défendu par l'interprète préférée de Slama : Zuzana Kronerova.

 

WONDERSTRUCK-Todd-Haynes.jpg

 

Le musée des merveilles (Wonderstruck), Todd Haynes

Le talent de Todd Haynes, si éclatant dans Loin du paradis ou Carol, n'est pas en cause. Mais l'écriture de Le musée des merveilles, d'après un auteur déjà adapté par Scorsese avec Hugo Cabret, si et oh combien. Une fois de plus, Haynes s'éloigne de notre époque et même doublement avec ses récits situés l'un en 1927 et l'autre cinquante ans plus tard. Rien à redire sur les reconstitutions mais beaucoup sur les relations entre les deux histoires, autour de deux fugues d'enfants. Les intrigues parallèles sont intrigantes, mystérieuses et puis, finalement languissantes, avec bien des scènes qui auraient pu être raccourcies voire coupées. Le réalisateur dit avoir voulu tourner pour le jeune public, convoquant imaginaire, magie et effroi. Ceci ne fait pardonner les lacunes du film. Le cocktail n'a rien d'exaltant et les passages sans lien entre les deux arcs narratifs sont bien trop nombreux pour un quelconque approfondissement. Ce n'est pas palpitant mais pas fastidieux non plus, disons que l'on sent pointer une légère indifférence pour des enjeux qui se découvrent simplement en toute fin du film. Laquelle est plutôt réussie et distille enfin un peu d'émotion. Un peu tard quand même.

 

je_vais_mieux_.jpg

 

Je vais mieux, Jean-Pierre Améris

Sur une filmographie d'une dizaine de titres, Je vais mieux n'est que la troisième comédie de Jean-Pierre Améris. Elle est presque du calibre de Les émotifs anonymes, un poil en-dessous, peut-être. Le film est adapté d'un roman de David Foenkinos qui prend le prétexte du mal de dos pour ratisser large sur les inquiétudes du mâle français avant la cinquantaine. Tout y passe : le couple, l'amitié, le travail, avec ce satané mal du siècle pour cristalliser toutes les névroses plus ou moins prononcées. Le scénario ne manque pas de munitions et l'on passe plutôt un bon moment devant les affres d'un héros mal en point, dont le principal trait de caractère est justement de ne pas en avoir assez (de caractère). Les péripéties médicales, d'IRM en scanner, en passant par la magnétiseuse, ne manquent pas de sel mais peut-être un peu de poivre tant la mise en scène reste d'une sagesse intégrale au service d'une narration rythmée mais sans grands temps forts. Elmosnino porte le film sur ses épaules, parfaitement crédible et avec justesse. Pas une symphonie mais un petit concerto en dos mineur. Allegro ma non troppo.

 

 



04/11/2017
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 50 autres membres