Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Chuchotement du vent dans la lande (Jane Eyre)

Au contraire des Hauts de Hurlevent, Jane Eyre n'avait jusqu'alors que médiocrement inspiré les cinéastes, aucune adaptation ne réussissant à retranscrire un tant soit peu l'atmosphère du roman de Charlotte Brontë. Celle de Cary Fukanaga, aussi imparfaite soit-elle, est la première à retrouver l'esprit, si ce n'est la lettre, de ce classique de la littérature victorienne. Le film frôle l'académisme sans y tomber tout à fait. Il le doit à la qualité de l'interprétation, l'excellente Mia Wasikowska en tête, à une relecture intelligente du livre qui fuit sa linéarité originelle, à son ambiance quasi fantastique (le manoir, la femme possédée, les paysages) limite gothique dans certaines scènes, entre autres. Contrairement à ce que l'affiche laisse croire, c'est bien le personnage de Jane Eyre, tout en passion retenue et en recherche d'indépendance, coeur pur brisé par une enfance et une adolescence atroces, qui est au centre du film. Ses dialogues à fleurets mouchetés avec celui qui n'est pas encore son aimé sont un pur délice. Le côté compassé et corseté de l'intrigue n'est finalement qu'un leurre. Le souffle romanesque est bien là, contenu souvent, à peine chuchoté par le vent dans la lande. Il suffit de bien tendre l'oreille comme Jane Eyre lorsqu'elle écoute enfin les sourds battements de son coeur.

 




26/07/2012
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