Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Chroniques rochelaises (9)

Deux grands asiatiques aujourd'hui : Weerasethakul et Hou Hsiao-hsin. Mais la lumière peut aussi venir de Bulgarie et de Roumanie.

 

LA LECON (Urok)) de KRISTINA GROZEVA et PETAR VALCHANOV

 

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La leçon est l'histoire d'un engrenage. Quelqu'un chose de commun, somme toute, dans tous les pays en crise économique et sociale : un crédit qui devient une dette et tout ce qui suit. L'héroïne de ce film bulgare est une enseignante qui essaie d'inculquer un peu de morale dans ce monde qui en manque terriblement. Sauf que dans sa vie personnelle, elle va devoir ravaler sa fierté. Mais pas sa dignité et c'est tout l'intérêt de ce film tourné à 4 mains qui ne quitte pas d'une semelle son héroïne battante. Aucune musique, pas de pathos mais des éclairs d'humour absurde. La comparaison avec le cinéma des frères Dardenne tourne court. La leçon est juste un film bourré d'énergie, réalisé avec un budget ridicule, interprété par une actrice remarquable, dont on apprécie avant tout la vitalité et l'absence de complaisance. Survivre c'est d'abord lutter et ne jamais renoncer.

A l'affiche le 9 septembre.

 

 

CEMETERY OF SPLENDOUR (Rak ti khon kaen) de APICHATPONG WEERASETHAKUL

 

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Qu'est-ce qui plait donc tant à certains dans le cinéma d'Apichatpong Weerasethakul et qui laisse les autres dans une indifférence totale ou plutôt un ennui revendiqué ? Cementery of Splendour ne changera rien à la donne quoique ce dernier opus du cinéaste thaïlandais soit par certains côtés moins opaque et mystique que la plupart de ses œuvres précédentes. Ceci dit, point ici de narration classique mais un cadre, celui d'un hôpital où des soldats rêvent des songes qui ne sont pas les leurs. Êtres vivants et fantômes du passé dialoguent naturellement et la réalité s'estompe peu à peu. Le plus étonnant est la douceur avec laquelle Weerasethakul conduit son film, en plans fixes le plus souvent, sans chercher la belle image à tout prix. Il y a une sorte de sérénité dans tout cela, de normalité diffetrente. Et c'est sans doute ce trip calme qui séduit ceux qui sont prêts à entreprendre un tel voyage.

 Sortie le 2 septembre.

 

THE ASSASSIN (Nie Yinniang) de  HOU HSIAO-HSIEN

 

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Pour être beau, The Assassin de Hou Hsiao-hsien, l'est absolument. Superbe même mais ce n'est pas suffisant pour en faire le chef d'œuvre que certains y voient. Pas plus que le monument d'ennui que ses ennemis l'accusent d'être. La vérité, si tant est qu'il puisse en exister une, se situe peut-être bien entre les deux. L'intrigue générale se comprend aisément mais il est vrai que l'on se perd dans les détails. Pas très important. Plus frustrant, Hou intellectualise un peu de trop le film de genre et livre un produit pensé, léché mais trop peu porté sur l'action alors que les quelques bribes aperçues permettaient d'espérer beaucoup. Pour tout dire, The Assassin est avant tout un film d'esthète au scénario beaucoup trop cérébral.

En salles le 20 janvier 2016.

 

 

L'ETAGE DU DESSOUS (Un etaj maj jos) de RADU MUNTEAN

 

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Une jeune femme est assassinée dans un immeuble. C'est à peu près le seul événement notable du film du roumain Radu Muntean. Il n'en faut pas plus pour le cinéaste pour rendre sa description du quotidien de l'un de ses voisins passionnante. Peu de choses se passent mais les détails fourmillent au fil d'un scénario bien écrit où les personnages agissent comme si rien ne s'était passé et sans que les relations des uns et des autres avec la défunte ne soient dévoilées. Le rythme est fluide et précis comme souvent dans le cinéma roumain quand il attend l'excellence. L'arrière-plan social est net, le constat amer d'une communauté égoïste où chacun se mêle le moins possible des affaires des autres. La tranquillité avant tout et des vies anodines et banales sans grande ambition. Une radiographie sans concession, remarquable par sa lucidité et sa pertinence.

Sortie prévue courant novembre.



05/07/2015
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