Cinéphile m'était conté ...

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Chroniques rochelaises (4)

Temps très chaud mais pas encore de canicule. Sur les écrans, c'est plutôt glaçant, de la Suède à la Géorgie. La température s'est nettement élevée avec le film français de la libanise Danielle Arbid : Peur de rien.

 

LE LENDEMAIN (Efterskalv) de MAGNUS VON HORN

 

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Le lendemain est le premier film d'un cinéaste suédois, formé en Pologne, manifestement très doué : Magnus von Horn, un nom à retenir. Son premier film peut se comparer au danois La chasse, par son thème, et au cinéma de Haneke, par son ton et sa tension sous-jacente qui éclate en de brusques décharges violentes.  Le sujet a sans aucun doute des airs de déjà vu mais le traitement que lui inflige le réalisateur est d'une extrême puissance, dans un faux rythme qui parvient à accrocher assez vite. Joué par un jeune garçon au visage d'ange, dont on a peur dès le début du film, le héros de Le lendemain est difficile à appréhender aussi bien pour le spectateur que pour la communauté dans laquelle il revient après avoir purgé une peine de prison. Un film à l'atmosphère pesante, d'une sécheresse cisaillante, qui fait forte impression malgré son thème qui n'est pas neuf.

Sortie sur les écrans français le 10 février.

 

 

LIGNE DE CREDIT (Kreditis limitis) de SALOME ALEXI

 

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L'arrivée d'une nouvelle vague du cinéma géorgien est saluée par la projection d'une petite dizaine de films à La Rochelle cette année. Certains films sont déja sortis : Eka et Natia, La terre éphémère, L'autre rive, Keep smiling. Et Mandarines devrait également être distribué bientôt. Ligne de crédit est très représentatif de ce cinéma géorgien social qui n'en est pas pour autant désespéré. Pourtant le thème du film de Salomé Alexi pourrait être traité de façon dramatique. L'endettement de la population locale, notamment via les organismes de crédit, a ainsi obligé nombre de ménages à vendre leur maison et à s'enfoncer dans la précarité. Mais Ligne de crédit adopte un ton plutôt gai, avec des couleurs vives qui le font parfois ressembler à une sitcom. On y retrouve l'âme du peuple géorgien : débrouillard, généreux, solidaire et ... épicurien, y compris dans les moments les plus difficiles.  Le film est juste desservi par un tempo trop lent et une interprétation relativement moyenne.

 

 

PEUR DE RIEN de DANIELLE ARBID

 

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Jusqu'alors le cinéma de la libanaise Danielle Arbid était plutôt âpre, tendu, sensuel et pas toujours aimable. Peur de rien, tourné pour la plus grande partie en France est son premier projet que l'on pourrait qualifier de grand public. Le film raconte l'arrivée du double de la réalisatrice, puisque Peur de rien est très autobiographique,  à Paris en 1993, lors de son entrée à l'université. Il s'agit ni plus ni moins que d'un récit d'une éducation sentimentale, mais aussi politique et sociale d'une jeune libanaise qui ouvre les yeux tous grands et découvre le combat quotidien pour survivre ou pour voir sa carte de séjour prolongé. Le film est sincère et honnête dans sa démarche, porté surtout par un enthousiasme et un bel appétit de vivre malgré les difficultés qui se hérissent sur la route de l'héroïne, joliment incarnée par Manal Issa. Il arrive parfois que certaines scènes semblent là parce que ce sont des passages obligés du film d'apprentissage et certains personnages frisent la caricature. Mais comme le petit soldat qu'elle est, Danielle Arbid insiste et impose sa vision d'une étrangère découvrant la France avec ses bons et mauvais côtés. Un film qu'on a envie de défendre y compris pour ses défauts et sa franche naïveté.

Sur les écrans à partir du 9 mars 2016.



29/06/2015
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