Cartographie d'hommes de l'Atlas (Loin des hommes)
Loin des hommes, peut-être, mais pas des vertus humanistes en temps de guerre. Cette adaptation de Camus est étonnamment fidèle à l'esprit de la personnalité et même de l'écriture de l'écrivain. La plus belle réussite du film de David Oelhoffen est de ne pas mettre seulement la narration au premier plan, ce qui est le cas le plus souvent au cinéma, en accordant un soin particulier à l'image, belle mais sans esthétisation, et peut-être surtout au son, tellement négligé habituellement. D'autant que la partition de Warren Ellis et de Nick Cave est à la fois discrète et envoûtante. Ou enveloppante, si l'on préfère. Dans l'Algérie de 1954, la révolte est en marche et deux hommes sans prendre parti, a priori, en sont témoins et pas loin d'en devenir acteurs malgré eux. C'est le thème de l'engagement, si cher à Camus, qui court en filigrane dans ce western minéral qui peut aussi être qualifié de Road ou plutôt de Desert Trip. Sans oublier le sujet de la fraternité qui s'impose, rehaussé par les interprétations de Reda Kateb (qui a vu Hippocrate, saisira le caractère de caméléon de cet acteur) et de Viggo Mortensen, au charisme dévastateur (il en fallait pour arriver à nous faire croire à sa qualité de pied noir d'origine espagnole). A travers euxi, c'est une cartographie d'hommes de l'Atlas qui surgit. Tout en subtiles nuances, de la force à la sensibilité.
L'avis de Sentinelle
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