Biarritz Latino (1)
Blondi de Dolores Fonzi, Argentine
Pour les amateurs de cinéma latino-américain, l'actrice argentine Dolores Fonzi est loin d'être une inconnue, Celle qu'on a vu notamment dans l'excellent Paulina, réalisé par son compagnon Santiago Mitre, a finalement sauté le pas de la mise en scène, à son tour, et Blondi, son premier long-métrage, est bien mieux qu'une promesse. Blondi, c'est une femme qui a eu un enfant très jeune, qui l'a élevé seule et qui entretient une relation fusionnelle avec ce fils désormais prêt à prendre son envol. Des deux protagonistes, ce n'est pas la plus âgée qui est la plus mature et le film ressemble, en quelque sorte, à un récit d'apprentissage, pour la mère, et non pour l'adolescent. Plus globalement, c'est une évocation généreuse et bienveillante de la maternité, avec les exemples assez détonants mais affectueux de la mère et de la sœur de Blondi. C'est un film de personnages davantage que d'événements, bien rythmé et superbement mis en scène, avec comme cerise sur le gâteau une B.O remarquable qui fait la part belle à Lou Reed et à Blondie (évidemment), entre autres. Blondi n'est pas sans rappeler le (bon) cinéma indépendant américain, les premiers long-métrages de Greta Gerwig, par exemple. De l'humour, de la tendresse, de l'émotion, de la mélancolie, de la folie : le film a presque tout bon. Comment dit-on Feel Good Movie en espagnol ?
El Castigo de Matías Bize, Chili
El castigo, du réalisateur chilien Matías Bize, se déploie en un plan-séquence de 86 minutes. Le cinéaste l'a tourné à 7 reprises, en autant de jours, et a retenu la "version" qu'il considérait comme la meilleure. La question de savoir ce qu'apporte le procédé, au regard de son sujet (un enfant disparaît à l'orée d'une forêt, ses parents s'inquiètent), a priori de la tension et du suspense, est difficile à trancher. On peut aisément y voir un exercice de style, certes virtuose mais aux limites identifiables. Quoi qu'il en soit, cette évaporation d'un fils est un prétexte pour confronter un couple à ses conflits larvés et à ses ressentiments recuits. Plus profondément, même, le film traite de l'instinct maternel (certaines femmes qui s'en trouvent dénuées ont-elles le droit d'assumer cet était de fait, sans être montrées du doigt ?). Cette question, quasi taboue il y a quelques années seulement au cinéma, est aujourd'hui abordée régulièrement, et frontalement dans El castigo. Dans un rôle complexe, pétri d’ambiguïtés et de contradictions, et finalement peu aimable, Antonia Zegers (Une femme fantastique, Chili 1976) impressionne par son jeu subtil et puissant à la fois. Et maintenant, définissez selon vous ce qui différencie une bonne d'une mauvaise mère. Vous avez 4 heures.
Portraits Fantômes (Retratos Fabtasmas) de Kleber Mendonça Filho, Brésil
Depuis son premier long-métrage de fiction, Kleber Mendonça Filho montre son attachement viscéral à Recife, capitale de l'État du Pernambouc au Brésil. Il n'est pas étonnant de retrouver la ville natale du cinéaste au centre de Portraits fantômes, un documentaire parfois déconcertant par le mélange de ses sources, ses propres films amateurs, les documents consacrés à l'appartement où il a vécu avec sa mère, ou encore les archives montrant l'évolution architecturale de Recife. Le film est nostalgique, mélancolique et un peu hétéroclite, aussi, qui embellit sans doute le passé au tamis de la mémoire, qui correspond à la jeunesse du réalisateur et à la naissance de sa vocation. Portraits fantômes parle aussi du Brésil, avec ses années de dictature, la montée des violences et la désagrégation du lien social mais ces aspects ne sont pas dominants dans un film qui peut se voir comme une sorte d'autobiographie ou une lettre d'amour envoyée à Recife. Sans oublier, bien sûr, l'évocation des salles de cinéma mythiques de la ville, presque toutes disparues et remplacées par des enseignes commerciales. Quant aux fantômes dont il est question dans le titre du film, qui apparaissent sous différentes formes, ils n'ont rien d'effrayant mais participent au contraire pleinement à la bienveillance de ce portrait intime sous forme de mosaïque narrative.
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