Biarritz latine (2)
Le voyage s'est poursuivi en Argentine puis deux fois au Mexique. J'ai trouvé le périple moins morne qu'hier.
Ofrenda, Juan Monaco Cagni, Argentine
Juan Monaco Cagni a 22 ans. Il a tourné son premier long-métrage dans sa région avec sa famille et des amis pour une somme dérisoire. Ofrenda est un film pas comme les autres, quasi sans dialogues et sans scénario dramatique. On y voit deux fillettes ensemble dans un paysage radieux. Et aussi deux jeunes femmes, les mêmes plus âgées, dans un environnement détruit. Puis encore une femme plus âgée. D'autres personnages apparaissent brièvement, les nuages moutonnent, un chien apparait, etc. Réflexion sur le temps qui passe, Ofrenda joue surtout sur les sensations, marqué un travail de fond sur l'image et sur le son. Une expérience limite, assez fascinante si on se laisse emporter.
Selva tragica, Yulene Olaizola, Mexique
Dans les années 1920, à la frontière entre le Mexique et le Honduras britannique (aujourd'hui le Belize), un groupe de récolteurs de gomme d’arbres à latex, rencontre dans la forêt une mystérieuse jeune femme poursuivie par un Anglais. L'aventure de Selva tragica, à base de désir, de sexe et d'exploitation économique se mêle à la mythologie maya dans un récit qui quitte peu à peu les rives du réalisme pour aborder celles du fantastique. Le climat moite de la jungle et la violence des hommes exacerbent les tensions dans un film qui interroge les racines du Mexique et la notion de frontière. Sa tendance finale à l'abstraction et son portrait trop peu approfondie de sa mystérieuse héroïne empêchent de complètement adhérer à ce troisième long-métrage d'une réalisatrice pourtant intéressante par sa singularité.
Se escuchan aullidos, Julio Hernandez Cordon, Mexique
Julio Hernandez Cordon, qui en est à son cinquième long-métrage, est désormais bien connu des amateurs de cinéma latino-américain. Son dernier film est de son propre aveu assez "spécial" dans le sens qu'il répond à une commande de l'une de ses filles, jalouse que sa sœur ait eu la vedette dans son opus précédent. Pas de scénario et pas d'argent, ce n'est pas ce qui aurait pu arrêter qui a tourné en 6 jours cet objet surprenant, sorte de documentaire mis en scène qui parle de l'évolution du Mexique, de son héritage aztèque, des souvenirs d'enfance du cinéaste, etc. Le tout en incitant sa fille à jouer et à désobéir. L'ensemble est assez inégal, parfois amusant et assez souvent irritant car visiblement improvisé et pas fait pour ceux qui aiment partir loin sur les chemins de la fiction.
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