Cinéphile m'était conté ...

Trois ans après sa présentation en Italie (Donatello du meilleur film), L'homme qui viendra est enfin sur les écrans français. Le film de Giorgio Diritti raconte les mois qui ont précédé le massacre de Marzabotto, équivalent de celui d'Oradour, dans les Appenins, entre Emilie-Romagne et Toscane. Le quotidien des paysans est décrit avec une extrême minutie, au sein d'une population pris en otage entre les partisans, qui obéissent aux ordres "d'en haut" et les nazis, de plus en plus menaçants alors que la débâcle finale se profile. Cette guerre sourde est vue à travers les yeux d'une petite fille de 8 ans, muette depuis sa naissance. Sobre, lente et ample, L'homme qui viendra est une ode naturaliste et poétique qui va plonger dans l'horreur. Elle est réalisée par un artisan qui sculpte dans l'argile des jours une oeuvre exigeante et lancinante. Diritti se maintient à distance des événements, trop, sans doute, par peur de l'émotion "facile". Dans le cas contraire, on le lui aurait reproché de vouloir tirer les larmes. Il est difficile de trouver un équilibre dans la description d'une tragédie absolue.