Cinéphile m'était conté ...

Adapté du court roman de von Kleist, le Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières semble lui être resté très fidèle, à l'esprit sinon à la lettre, tout en transposant l'action dans les Cévennes. Cette terre, réputée pour son austérité, "colle" parfaitement à la tonalité que le réalisateur a souhaité donner à son récit. Pas de grandes envolées lyriques ou épiques dans ce film contemplatif, bien que parfois bavard, dont l'appellation de western médiéval ne correspond pas véritablement à son contenu. Le personnage incarné avec un charisme impressionnant par Mads Mikkelsen reste énigmatique, muré dans un hiératisme qui le rend sinon antipathique du moins parfois difficile à comprendre. Si ce n'est que le thème est finalement universel et moderne : devant une injustice flagrante, se révolter est une attitude aussi courageuse que suicidaire et Michael Kohlhaas devra payer le prix fort. C'est un beau sujet dont on regrette tout de même que des Pallières l'ait traité avec une telle distance, sans passion, dans une aridité de style exigeante et, autant l'avouer, source d'ennui croissant. Les dernières scènes, superbes, sont source d'émotion. On aurait aimé la trouver davantage dans ce film qui mérite sans doute une deuxième vision.