Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

10 ans de deuil (Chorus)

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Le sujet de Chorus, premier film du québécois François Delisle à être distribué en France, est très dur. Une histoire de deuil qui devra attendre 10 ans pour être consommé. Sur un thème pareil qui demande du doigté, Delisle a choisi le noir et blanc et un traitement psychologique qui scrute au plus près la douleur de ses personnages. C'est évidemment émouvant mais sombre parfois dans le pathos en ne nous épargnant rien des souffrances intimes de ses protagonistes. L'interprétation est impeccable, la mise en scène étonnamment douce. Pas entièrement convaincant peut-être mais François Delisle est un nouveau nom à retenir dans un cinéma québécois qui étonne par sa richesse et sa diversité.

 

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Classement 2016 : 8/11

 

Le réalisateur :

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François Delisle est né le 22 mars 1967 à Montréal. Son premier long-métrage, Ruth, date de 1994. Chorus est son sixième film. Il est également producteur et acteur.


19/01/2016
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Liselotte Pulver (1929)

Liselotte Pulver est née le 11 octobre 1929 à Berne. En Suisse, après des études commerciales, elle travaille comme modèle tout en prenant des cours au conservatoire. Elle apparait d'abord au théâtre, à Zürich, avant de tourner son premier film en 1951 : Heidelberger Romanze. Elle devient rapidement une des stars du cinéma allemand, jouant notamment dans Les rendez-vous de Zürich, Le verre d'eau (Kaüntner), Piroschka (Hoffmann), Les Buddenbrooks (Weidenmann) ... Le public français la découvre en 1957 dans Les aventures d'Arsène Lupin (Becker) et elle alterne ensuite tournages allemands, français (La Fayette, Dréville ; Maléfices, Decoin ; Monsieur, Le Chanois) et américains (Le temps d'aimer et le temps de mourir, Sirk ; Un, deux, trois, Wilder). Sa carrière cinématographique décline à partir de la fin des années 60. Marquée par le suicide de sa fille en 1989 puis la mort de son mari, trois ans plus tard, elle vit désormais à l'écart du monde dans le canton de Vaud, sur les rives du lac de Genève.

 

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18/01/2016
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Tableau de maître

Après Vampyr (1932), Carl Dreyer passe plus de 10 ans sans tourner. Esthétiquement, Jour de colère s'inspire dans dans de nombreux plans des grands maîtres de la peinture et, notamment, de Rembrandt. Réalisé durant la guerre, le film est un plaidoyer contre l'intolérance et le fanatisme auxquels le cinéaste oppose le pouvoir de l'amour et de l'âme. Pas si loin de Borzage dans l'esprit mais traité de façon austère, exigeante et somptueuse.

 

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18/01/2016
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Oh Danielia !

Gueorgui Danielia est né le 25 août 1930 à Tbilissi (Géorgie). Il débute à la réalisation en 1960 et triomphe 5 ans plus tard avec l'exquis Romance à Moscou. Satire et poésie sont les ingrédients principaux de ses films qui sont d'immenses succès populaires. Il a quelques soucis avec les autorités soviétiques à partir d'Afonia, en 1975 (voir rubrique Oldies précédente). Kin-dza-dza! (1986), son "épopée" de SF, acquiert un statut de film culte, qui ne s'est jamais démenti depuis. Son dernier film date de 2000.

 

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Mimino, 1970
Pilote d'hélicoptère en Géorgie, Mimino ne rêve que de s'asseoir aux commandes d'un avion. A Moscou, il doit partager sa chambre avec un arménien. De drôles d'aventures les attendent. Ce film est un classique en Union Soviétique, loué pour ses qualités humanistes. Il est bien difficile d'apprécier à sa juste valeur cette comédie dès lors que la plupart des jeux de mots et surtout le burlesque des accents des deux héros égarés dans Moscou sont incompréhensibles si l'on ne maîtrise pas la langue russe. Reste tout de même le charme d'un récit désuet, l'amitié entre deux caucasiens dont les peuples ne se supportent pas en général et l'importance des racines, une constante dans le cinéma de Danielia.

 

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Marathon d'automne (Osennyi marafon), 1979
La vie d'Andreï, professeur et traducteur, part en lambeaux. Sa maîtresse est jalouse de sa femme laquelle ne supporte pas ses mensonges. Son ami danois est arrêté pour ébriété, sa fille part au loin pour deux ans, son voisin le harcèle. Une comédie triste précise le sous-titre de Marathon d'automne. Et le portrait d'un homme lâche et las, à l'image de la société aux temps de Brejnev. Moins drôle et plus amer que les films précédents de Danielya mais tout aussi touchant par son empathie envers la faiblesse humaine, dans la monotonie et parfois l'absurdité de la vie.

 

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Kin-dza-dza!, 1986
Deux moscovites rencontrent un extraterrestre égaré dans la rue. Pour avoir appuyé sur un mauvais bouton, ils sont immédiatement téléportés sur la planète Pluke. Là bas, si la technologie est fort avancée, la société est basée sur des règles hiérarchiques très strictes. Dans ce film totalement loufoque, le vocabulaire est réduit à une dizaine de mots, le terme "Kou" désignant tout le reste. Kin-dza-dza!, est indescriptible, une sorte de Blade Runner bon marché, avec des effets spéciaux ridicules et des costumes plus dépareillés que dans Mad Max. Quant à l'action, elle est tout aussi imprévisible sur cette planète où les biens les plus précieux sont des allumettes. Le film est cultissime dans les pays de l'ex-URSS pour son humour déjanté et sa satire impitoyable des régimes communiste et capitaliste. De la SF à mille lieues de La guerre des étoiles.


17/01/2016
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Face à face (L'attente)

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L'attente. Le premier film de Piero Messina tient parfaitement les "promesses" de son titre. Celle d'une mère endeuillée et de la fiancée de son fils dans une grande maison sicilienne et sous le soleil d'avant Pâques, dans la splendeur de la nature. Très silencieux, le film tisse une relation entre ces deux femmes, d'abord ténue puis compréhensive jusqu'à la révélation finale qui brisera, peut-être, le déni de l'une des deux. Piero Mesina prend le risque de l'ennui en filmant un argument aussi austère, misant sur une stylisation qui ne tombe jamais tout à fait dans l'esthétisation ou l'hermétisme. Dans ce face à face féminin, Lou de Laâge soutient la comparaison avec Juliette Binoche malgré un rôle plus conventionnel et passif. S'il n'est pas totalement abouti, faute d'un scénario suffisamment étoffé, L'attente donne cependant envie de suivre Piero Messina, à l'évidence très doué pour créer de véritables atmosphères.

 

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Classement 2015 : 153/250

 

Le réalisateur :

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Piero Messina est né le 30 avril 1981 à Caltagirone. Assistant réalisateur sur deux films de Sorrentino, il est également musicien.


17/01/2016
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Baby Blues (A Second Chance)

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La souffrance et les traumatismes psychologiques nourrissent le cinéma de la danoise Susanne Bier, même si elle a aussi tourné des comédies, notamment à ses débuts. A un moment donné, dans A Second Chance, le personnage principal prend une décision que la morale ne peut que réprouver et qui est censée montrer qu'un acte a priori négatif peut également être considéré comme positif, en tous cas dans ses intentions (dixit Susanne Bier). Le geste en question est au coeur du film et pose en outre la question de la vraisemblance. Ce n'est qu'une des ambigüités de A Second Chance qui n'est pas loin d'être une torture pour le spectateur soumis à rude épreuve dans ce Baby Blues aux allures de fable sordide et choquante. Il est malaisé de surmonter cette impression de malaise même si la réalisatrice lui donne des allures de thriller à rebondissements d'une noirceur toute scandinave. La résilience et le pardon sont aussi présents dans chacun des films de Susanne Bier mais pour les atteindre la route est longue et escarpée. A sa façon, A Second Chance est un film d'horreur, cruel et perturbant, à déconseiller aux jeunes ou futures mamans.

 

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Classement 2016 : 4/10

 

La réalisatrice :

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Susanne Bier est née le 15 avril 1960 à Copenhague. Après plusieurs confidentiels, elle se fait connaître sur la scène internationale avec Open Hearts (2002) suivi de Brothers et After the Wedding. Depuis 8 ans, elle tourne aussi bien au Danemark (Revenge, A Second Chance), qu'à l'étranger, en langue anglaise (Nos coeurs brûlés, Love is all you need, Serena).

 

 


16/01/2016
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Politiquement burlesque (Gaz de France)

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Le sens du burlesque et de l'absurde est notoirement absent du cinéma français si l'on met à part le comique visuel des Tati et Etaix. Et voici que coup sur coup deux films de jeunes réalisateurs viennent démontrer, avec leurs limites certes, que le genre peut-être traité avec sérieux, si l'on ose dire. Cosmodrama, le premier d'entre eux, attend toujours sa sortie, hélas, mais Gaz de France est lui bel et bien sur les écrans malgré le peu de copies en circulation. Le pitch à lui seul donne le ton : Philippe Katerine incarne un président de la République à l'impopularité croissante et une réunion de crise est organisée à huis-clos pour tenter de faire remonter sa cote. Gaz de France s'attaque à la communication politique et plus précisément à cette mode infantilisante du "storytelling." En dépit de l'impression que le film ressemble parfois à n'importe quoi, le scénario est construit tout en ruptures, dans un décor théâtral, à la limite du fantastique. Il s'en dégage une sorte de poésie anarchisante, loufoque et non sans quelques tunnels narratifs, parfois. Mais rien que pour les interventions délectables de Katerine, cet OFNI, s'il ne fait guère d'entrées dans les salles, deviendra certainement culte dans le futur.

 

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Classement 2016 : 5/9

 

Le réalisateur :

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Benoît Forgeard est né à Sophia-Antipolis le 19 juillet 1977. Acteur, il a fait ses premières armes de réalisateur à la télévision et dans le court-métrage. Trois d'entre eux ont été réunis dans le film à sketches Réussir sa vie, en 2012.


16/01/2016
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Suspicion et jalousie (Early Winter)

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Récompensé par la Caméra d'Or en 2010, Michael Rowe, né en Australie mais réalisateur mexicain (?), change encore de pays avec Early Winter, tourné au Québec en anglais et français. On a vu beaucoup de films bavards en ce début d'année, celui-ci est à l'opposé, quasi bergmanien dans ses silences et surtout ses non-dits. La suspicion et la jalousie alourdissent l'atmosphère dans un couple qui s'aime, très certainement, mais où le poids du passé et l'usure du temps révèlent des failles qui pourraient devenir fatales. Early Winter use de longs plans séquences, répétitifs, avec un arrière-plan à peine esquissé (la maison de retraite). Le film est assez explicite sur les affres psychologiques de l'homme et beaucoup moins sur celles de son épouse dont on ignore à peu près tout du quotidien. C'est une faiblesse du scénario mais qui permet à son interprète, l'excellente Suzanne Clément (vue chez Dolan et bientôt chez Lanners), d'exprimer son talent de manière impressionnante.

 

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Classement 2016 : 6/8

 

Le réalisateur :

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Michael Rowe est né en 1071 à Ballarat (Australie). Installé au Mexique, il tourne Année bissextile, Caméra d'Or à Cannes, puis Manto aquifero (inédit).


16/01/2016
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Jayne Mansfield (1933-1967)

Jayne Mansfield est née Vera Jayne Palmer le 19 avril 1933 en Pennsylvanie et passe son enfance dans le New Jersey puis au Texas. Mariée à 17 ans, elle étudie l'art dramatique et, parallèlement, gagne plusieurs concours de beauté. Elle apparait pour la première fois sur scène en 1953 dans Mort d'un commis voyageur de Miller. Un an plus tard, premier petit rôle au cinéma dans Female jungle, le succès arrivant rapidement avec La blonde et moi (Tashlin) suivi de Arrêt d'autobus, La blonde explosive (Tashlin), La blonde et le sheriff (Walsh)...A partir de 1960, elle ne tourne plus que dans des films d'un intérêt limité dont Les amours d'Hercule, Too hot to handle, La môme aux dollars...Outre le cinéma et la scène, Jayne Mansfield a enregistré également deux albums de chansons et tourné épisodiquement pour la télévision. Plus connue pour ses mensurations, et avoir été playmate du mois en février 1955 pour Playboy, que pour ses talents artistiques, Jayne Mansfield affichait un QI de 163, parlait 5 langues et jouait du piano et du violon. Elle est morte le 29 juin 1967 dans un accident de voiture.

 

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15/01/2016
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Réconciliation tardive (J'ai toujours ton coeur avec moi)

Siggy est morte. Siggy est devenue stardust (excusez le jeu de mots en hommage à qui vous savez). Et Hildur, sa fille, éloignée depuis longtemps de cette mère excentrique et, pour dire les choses comme elles sont, quelque peu cintrée, débarque sur la petite île de Flatey pour ses funérailles. Difficile de dire quelque chose d'autre d'une trame narrative particulièrement floue, qui évoque aussi bien des souvenirs d'enfance que des rencontres incongrues avec des insulaires qui ne le sont pas moins sans compter les fantômes de créatures plus ou moins imaginaires. Pas étonnant, puisque nous sommes en présence d'un roman islandais, le premier de Soffia Bjarnadottir. On aimerait bien se laisser aller aux sortilèges de J'ai toujours ton coeur avec moi, et c'est parfois le cas, le temps de quelques passages réussies sur la réconciliation tardive, puisque post-mortem, de Hildur avec sa mère. Et le fait, qu'en fin de compte, elles se ressemblent, dans leur comportement erratique et leur incapacité à se faire comprendre de leur descendance. Cependant, malgré un charme évanescent, on navigue un peu à vue dans ce court roman qui n'offre que peu de prise au lecteur fréquemment dérouté.

 

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L'auteure :

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Née en 1975 en Islande, Soffia Bjarnadottir a grandi à Reykjavik. J'ai toujours ton coeur avec moi est son premier roman.


14/01/2016
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