Défaillances mécaniques (Miroirs n°3)
Les amateurs de la petite musique petzoldienne en conviendront sans doute, pour la majorité d'entre eux. Miroirs N°3 n'est pas le meilleur film du cinéaste allemand. Mais il n'est pas décevant non plus, dès lors que l'on a pris l'habitude d'attendre avec impatience ses récits épurés, qui en disent et en montrent peu, mais qui utilisent des détails a priori insignifiants (les caprices d'un lave-vaisselle) pour évoquer la difficulté de communiquer et de s'aimer. Oui, c'est un film sur le deuil, avec deux histoires en miroir, évidemment, mais c'est bien davantage, un voyage tranquille dans les ressorts de l'âme humaine, avec ses mystères, sans une recherche absolue de l'émotion, celle-ci venant comme par effraction, avec une bienveillance du film pour ses différents personnages, tous plus ou moins touchés par les aléas de la vie. On ressort de là avec plein de points d'interrogation sur la suite de l'intrigue et on est heureux d'avoir passé près de 90 minutes avec la merveilleuse Paula Beer. Ne pas négliger non plus l'humour sous-jacent de plusieurs scènes, qui confinent presque au burlesque, avec chutes et défaillances mécaniques. Et puis il y a ce romanesque qui ne se pare pas de couleurs chatoyantes mais s'insinue dans des moments d'échanges, de regards ou de silences. À bien y réfléchir, Miroirs n°3 n'est pas un film aussi anodin qu'il y paraît et en plus, il fait du bien.
Le réalisateur :
Christian Petzold est né le 14 septembre 1960 à Hilden (Allemagne). Il a réalisé 11 films dont Barbara, Phoenix, Ondine et Le ciel rouge.
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