Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Après-guerre civile en Catalogne (Pain noir)

Les quinze premières minutes sont comme une promesse. Violentes et énigmatiques, elles imposent un climat oppressant qui laissent présager le meilleur. Bardé de neuf Goyas, Pain noir est presque entièrement parlé en catalan, ancré dans un petit village encore meurtri par la guerre civile. Les vainqueurs paradent, les vaincus baissent la tête, miséreux, dans la crainte d'une nouvelle "chasse aux rouges." Les événements sont vus à hauteur d'enfant, à la croisée de ces deux mondes, garçon dépassé par les secrets qui resurgissent comme des fantômes et les haines qui mijotent à petit feu. Le film d'Agusti Villaronga, méritant et, par bien des aspects, plus qu'intéressant, a le tort de courir plusieurs lièvres à la fois et manque de se perdre dans un dédale d'histoires obscures. Une touche de fantastique, un soupçon d'onirisme, une dose de réalisme crû : la mise en scène de Villaronga n'est pas suffisamment forte pour intégrer toutes ces facettes et le scénario explore à l'infini des pistes qui n'aboutissent pas. Seul compte le cheminement psychologique du jeune héros de Pain noir, qui passe par la perte de l'innocence, le rejet des valeurs qui ont modelé son existence jusqu'alors et la découverte que la cruauté et l'absence de remords sont ses uniques recours. Quant le film se concentre sur ce thème, et il ne le fait qu'en bout de course, il acquiert enfin une puissance et une vérité qui lui font défaut autrement. La promesse n'a pas vraiment été tenue.

 


 

 



24/08/2011
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