Exégètes du Talmud (Footnote)
Joseph Cedar détone quelque peu dans le paysage cinématographique israélien. Plus cérébral que ses confrères, pour faire court, comme le montrait son précédent film "de guerre", Beaufort. Footnote, prix du scénario à Cannes, confirme la chose. Autant dire d'emblée qu'il est particulièrement ingrat et qu'il faut laisser passer pratiquement trente minutes pour y voir un quelconque intérêt. Le sujet, en lui même, transplanté en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, aurait pu être écrit par le romancier David Lodge qui en aurait sans doute tiré un ouvrage hilarant. Le film de Cedar est drôle également, mais de manière tellement fine que son humour passe quasi inaperçu, sauf dans deux ou trois scènes absurdes. Pour le reste, cette évocation du monde des exégètes du Talmud de Jérusalem brille, façon de parler, par son suspense dialectique et sa logorrhée continuelle. Le conflit père/fils, dont la vision du métier de chercheur est radicalement différente, en gros le pur et dur contre le vulgarisateur, est l'intérêt principal du film, traité en creux avec une certaine malice qui n'est pas évidente de prime abord. Là où le bât blesse, c'est dans la mise en scène, qui tente de rendre spectaculaire (musique envahissante, abus d'effets spéciaux désuets) un sujet qui ne s'y prête en aucune façon. Footnote aurait gagné à renforcer son côté second degré en évitant des coquetteries de style qui parasitent et contredisent le récit. En résumé, un film singulier, peu engageant, avec un personnage principal très antipathique, qui nécessite un gros effort de concentration pour ne pas être rejeté sans autre forme de procès.
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