Western au sud (Déserts)
La première heure de Déserts est presque parfaite, comédie au sous-texte social très fort, qui conte le travail absurde de deux agents de recouvrement au sud du Maroc. Un duo qui rappelle par certains côtés le Tandem de Patrice Leconte et qui décrit mieux qu'un long discours l'inadéquation entre un capitalisme déphasé par rapport à la vie d'habitants démunis dans les villages et, dans le même temps, le conservatisme rigide dicté par des autorités hypocrites et la réalité, concernant l'alcool ou la prostitution, par exemple. Mais la deuxième partie du film change brutalement de registre, sans que rien ne puisse le justifier, le récit s'orientant vers une sorte de western et dérivant surtout en mode onirique et existentialiste. De quoi interloquer sur ce brusque changement de ton qui ne fait que dilapider les bonnes impressions engrangées jusqu'alors. Pas étonnant que son réalisateur, Faouzi Bensaïdi évoque Déserts comme un film "exigeant" pour le spectateur tout en lui promettant cependant un grand plaisir, à condition de s'abandonner. Désolé, mais c'est plutôt le cinéaste qui semble avoir abandonné son histoire, dans une volte-face qui évoque surtout une volonté de faire "artiste", avec une ambition qui contredit et nie la modestie initiale d'un projet dont la qualité formelle reste cependant constante, ce qui n'est qu'une maigre consolation.
Le réalisateur :
Faouzi Bensaïdi est né le 14 mars 1967 à Meknès (Maroc). Il a réalisé 6 films dont Mille mois et Mort à vendre.
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