Cinéphile m'était conté ...

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Vu à Alès (3)

Pas de vagues de Teddy Lussi-Modeste

Pour écrire Pas de vagues, Teddy Lussi-Modeste s'est inspiré de sa propre expérience d'enseignant, accompagné par Audrey Diwan qui lui a sans doute apporté le recul nécessaire pour que son vécu devienne une fiction réaliste. L'histoire, celle d'un problème de classe dans un collège "difficile", est vue presque uniquement à travers le prisme d'un professeur aux prises avec une accusation injuste devenue une spirale agressive et inextricable. Le sujet, dans l'air du temps, est plus qu'intéressant et même si la mise en scène manque d'éclat, loin de celle de La salle des profs, au sujet voisin, la violence des réactions et des échanges maintient une tension continuelle qui ne s'évacue pas avec la scène finale, saisissante. C'est l'occasion d'évoquer le sacerdoce du métier de professeur, encore plus éprouvant pour un idéaliste dont chaque maladresse est exploitée, ou encore la lâcheté d'une administration soumise à la pression d'un vivre ensemble de plus en plus semé d'embûches, entre enseignants, élèves et parents, d'autant plus si le contexte social s'avère explosif. Pas de vagues expose un cas d'école de manière directe, laissant flotter pas mal d’ambiguïtés sur les comportements de ses différents protagonistes. François Civil régénère son image de beau gosse avec ce rôle complexe et s'accorde bien avec une interprétation globalement satisfaisante qui fait en partie oublier le manque d'ambition de la réalisation.

 

Nous les Leroy de Florent Bernard

Ce serait bien malheureux si Nous, les Leroy ne parvenait pas à trouver son public, qui devrait être très large, mais la sanction paraît peu probable. S'il est hors de question de considérer le film comme un chef d’œuvre et si la mise en scène y semble avant tout fonctionnelle et parfois un peu pataude, à quoi bon faire la fine bouche devant une écriture joliment équilibrée entre humour, tendresse, cruauté et émotion, pour aboutir à une comédie douce-amère, sur un sujet, la séparation, pas si simple à traiter si l'on veut donner la parole équitablement aux personnes concernées, les parents, et aux victime des dégâts collatéraux, les enfants. Nous, les Leroy est avant tout très amusant, n'hésitant pas à s'aventurer dans le mauvais goût, sans pour autant y patauger. En privilégiant la force du rire, le film a ensuite toute latitude pour baisser d'un ton et introduire des éléments moins joyeux et réalistes, sans glisser sur la pente du mélodrame puisque ce n'est pas le projet, et en rendant tous les membres d'une même famille sympathiques, y compris quand leurs gros défauts sont passés au tamis de la compréhension bienveillante. Outre José Garcia, très efficace dans une partition cependant attendue, c'est Charlotte Gainsbourg qui étincelle, elle dont l'ingénue drôlerie a rarement été aussi bien exploitée au cinéma.

 

Quelques jours pas plus de Julie Navarro

On le voir venir de loin ce personnage de journaliste rock, désabusé et cynique, qui va progressivement s'ouvrir aux autres. Au commencement de Quelques jours pas plus se trouve un roman intitulé 'De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire" dont l'adaptation s'est fondée sur une grande fidélité mais aussi une accentuation du côté social, avec un travail quasi documentaire sur le quotidien stressant de membres d'associations dédiées à l'aide aux migrants. Un monde qui n'a évidemment rien à voir avec celui du journaliste égocentrique évoqué plus haut et dont le dessillement face à ce que représente l'engagement est un excellent vecteur de comédie et d'émotion, selon un dosage à bien peaufiner. Quelques jours pas plus est un film sincère et bienveillant qui ne nous prend jamais en otage mais dont la facture visuelle et même l'écriture semblent quelque peu manquer d'audace et d'inventivité, à l'aune, hélas, de beaucoup de films français lestés d'un grand poids social, Généreux mais sans éclat, le film pourtant dans sa manche un atout majeur, peut-être pas suffisamment exploité, à savoir l'alchimie naturelle qui se dégage entre Camille Cottin et Benjamin Biolay, ce dernier, très brillant, s'étant visiblement inspiré avec gourmandise de certains critiques rock bien réels.

 



25/03/2024
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