Cinéphile m'était conté ...

No nos moverán est souvent un film drôle mais c'est surtout un drôle de film. Avec son noir et blanc, d'abord, qui n'évoque nulle nostalgie mais illustre davantage le côté sordide d'un appartement où vivent deux sœurs, autour de 70 ans chacune, à peu près, qui ne se parlent plus et dont l'une exerce encore son métier d'avocate pour les plus défavorisés. Cependant, la grande affaire de cette vieille femme est l'esprit de vengeance qui la taraude, 50 ans après la mort de son frère, lors des émeutes étudiantes, à Mexico, en 1968. Vu l'âge de son personnage principal et de quelques uns des autres protagonistes, cette histoire, au demeurant très sérieuse, louche pourtant vers la comédie noire, teintée d'absurde, dans une atmosphère confinée où un chat cruel et pigeons et colombes ont aussi un rôle à jouer. Ce premier long-métrage de Pierre Saint-Martin Castellanos a une manière très personnelle d'avancer avec pour sujets le remords, les souvenirs et la vieillesse, laquelle, au fond, rend toute initiative vaine et dérisoire. La grande actrice mexicaine Luisa Huertas prête son visage parcheminé à une héroïne singulière, mal embouchée mais obstinée, dans son désir de justice, dans un pays dont le réputation de violence et de corruption n'appartient pas qu'au passé, hélas.

Le réalisateur :

Pierre Saint-Martin Castellanos est né en 1979 à Mexico. Il a réalisé 7 courts-métrages.