Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Une soirée avec Bertrand Tavernier

En ce moment, Bertrand Tavernier tourne partout en France pour présenter son merveilleux documentaire Voyage à travers le cinéma français. Une véritable gourmandise pour cinéphiles qui égale voire surpasse les essais de Martin Scorsese sur les cinémas américain et italien.

 

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Antoine et Antoinette de jacques Becker

 

Non, le film de Tavernier ne se prétend pas une histoire du cinéma français. Ou alors une histoire amoureuse, partageant les élans du coeur de son metteur en scène. A travers le film, Tavernier se raconte, d'abord comme enfant spectateur puis jeune animateur de ciné-club avant de travailler dans le monde du cinéma. Voyage à travers le cinéma français a une progression chronologique, celle de la découverte des films et des auteurs par Tavernier cinéphile. Il n'y a donc pas lieu d'être frustré ou de commenter des "impasses" sur certains maîtres du cinéma français. Grémillon, Bresson, Duvivier, Clément, Clouzot, Ophuls, Truffaut, Demy ... sont peu ou pas du tout présents. Ils le seront dans la suite du documentaire qui prendra la forme d'une série télévisée que l'on verra, on l'espère, courant 2017.

 

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La grande illusion de Jean Renoir

 

Quel plaisir de voir l'hommage rendu à Jacques Becker, le plus grand styliste français, qui n'a pas la reconnaissance qu'il mériterait. Le film multiplie les extraits avant d'aborder le cas Renoir, incontestable "patron" du cinéma français dans les années 30 mais qui était sans doute plus "contestable" sur le plan humain. Au contraire d'un Jean Gabin dont Tavernier fait un éloge appuyé en démontrant qu'il n'est pas l'acteur monolithique qui d'aucuns lui ont reproché d'être. Vigo et Carné figurent aussi parmi les cinéastes qui comptent pour Tavernier. Mais l'un des attraits de son documentaire est aussi de souligner l'apport des scénaristes et surtout des musiciens dans la réussite des films. Et puis, il y a tous ces cinéastes au purgatoire qui sont réhabilités, images à l'appui : Delannoy, Sacha, Calef, Grangier, Lacombe, Gréville. Ce sera une découverte pour beaucoup. Tant mieux.

 

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Léon Morin, prêtre de Jean-Pierre Melville

 

Avec Jean-Pierre Melville, Tavernier parle d'un cinéaste qu'il a côtoyé et assisté. Le portrait n'est pas toujours flatteur mais sincère. Il professe plus de tendresse pour Claude Sautet, un ami, dont le cinéma n'est finalement pas sans rapport avec celui de Becker. La boucle est presque bouclée. Le film s'achève presque trop tôt après 3 heures 10 de projection. Dans le débat avec les spectateurs du film, Tavernier s'enflamme, raconte, s'explique. Passionnant, drôle et érudit. Qu'il parle d'Eddie Constantine ou de Vladimir Cosma. Mais les noms qui reviennent le plus et qui sont dans le panthéon de Tavernier pour toujours sont bien ceux de Becker, Gabin et Sautet. Voyage à travers le cinéma français est une magnifique machine à remonter le temps. De laquelle on redescend avec difficulté. Vivement le prochain périple avec le capitaine Tavernier.

 

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Max et les ferrailleurs de Claude Sautet



28/10/2016
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