Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Un poète saturnien (Les carnets de Siegfried)

 

La vie de Siegfried Sassoon, poète anglais plutôt méconnu de ce côté-ci de la Manche, aurait sans aucun doute pu être traitée de manière flamboyante par un réalisateur autre que Terence Davies. Mais ce dernier, membre d'une génération éminente de cinéastes britanniques (Frears, Leigh, Loach, ...) est resté fidèle à un cinéma intellectuel, parfois exagérément précieux et n'a retenu de cette longue existence que des éléments bien précis : le traumatisme causé par la première guerre mondiale et ses liaisons sentimentales et homosexuelles. La tonalité est sombre de bout en bout, avec des dialogues brillants mais parfois ampoulés, des poèmes récités en voix off, des scènes d'archives de la grande guerre et ... une ellipse temporelle gigantesque. C'est un film qui porte indubitablement la marque de Terence Davies et qui en dit vraisemblablement plus sur lui que sur Sassoon. L'ensemble, malgré son esthétisme raffiné et son défilé de "beaux gosses", a un côté théâtral très marqué, pour ne pas dire vieillot, avec une absence de rythme qui ne serait pas préjudiciable si le personnage principal attirait davantage l'attention. Il est pourtant joliment joué par l'excellent Jack Lowden mais, malgré ses louables efforts, le personnage de Sassoon parait bien sinistre, nous laissant quelque peu dans l'indifférence à son égard, en grande partie à cause des partis pris d'un scénario qui a choisi de se focaliser sur le caractère saturnien de son héros.

 

Le réalisateur :

 
Terence Davies est né le 10 novembre 1945 à Liverpoool. Il est mort le 7 octobre 2023 à Mistley. Il a réalisé 9 films dont The Long Day Closes, Chez les heureux du monde et Sunset Song.

 



12/03/2024
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