Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Un immigré à Dublin (Je ne suis pas d'ici)

"Portrait incisif et cocasse d'un émigré sur le sol irlandais" indique la quatrième de couverture de Je ne suis pas d'ici. Incisif, le mot est faible ; cocasse, le terme est vraiment mal choisi, à côté de la plaque. Hugo Hamilton narre à la première personne les difficultés d'adaptation d'un jeune serbe, de bonne volonté, mais dont l'incompréhension du fonctionnement des conventions sociales dublinoises va amener tout un tas de complications, jusqu'à la tragédie finale. "Adopté" par un avocat, camarade de beuverie, il va se trouver embringué dans une histoire de famille douloureuse et inextricable, qui lui rappelle son propre passé à Belgrade, servant de détonateur involontaire à une série d'actes de violence qui le laisseront meurtri et, paradoxalement, l'aideront à faire l'apprentissage de l'intégration à son nouveau pays. Le roman est d'une richesse folle, sur moins de 280 pages, décrivant aussi bien par le menu le travail de son héros, il est menuisier, que déterrant une vieille légende mortifère, dont plus aucune trace ne subsiste. L'admirable crescendo de la dernière partie laisse pantois : comme une descente aux enfers, contée avec une intensité digne d'un thriller aux accents épiques. Il y a dans Je ne suis pas d'ici des pages admirables sur la condition de l'immigré, sa solitude, sa rage naïve d'être enfin accepté, en dépit de son accent et de la mauvaise réputation de son pays d'origine. On ressort de cette lecture le coeur en bandoulière et l'âme chancelante. Un grand Hugo Hamilton.

 



11/08/2011
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