Un double combat (Toutes nos envies)
Oublier que Toutes nos envies est une adaptation, partielle, qui plus est, de D'autres vies que la mienne d'Emmanuel Carrère ? Non, pas entièrement, il n'y a pas trahison, la trame générale y est, le dosage n'est pas le même, c'est tout. Lioret en a tiré un film très personnel, qui est à mi-chemin de Je vais bien ne t'en fais pas et de Welcome. Avec, contrairement à ce dernier, un fonds social moins approfondi, qui laisse une plus grande place au mélodrame. Traité avec la pudeur et ce sens de l'émotion pure, tout proche du précipice du sentimentalisme que, comme toujours, le réalisateur réussit à esquiver. Et ce n'est pas un film sur le cancer mais sur la rencontre lumineuse de deux êtres, une amitié voisine de quelque chose de plus grand encore, renforcé par un double combat, contre l'injustice et contre la maladie. Mené à deux, pour trouver la volonté de garder espoir et l'énergie de ne pas abandonner. Toute la générosité du cinéma de Lioret, son absence de mièvrerie, aussi, est concentré en deux heures de film, moins abouti et engagé que Welcome mais justement d'autant plus poignant de par ses -petites- imperfections. Une oeuvre épidermique où l'on retrouve une Marie Gillain magnifique qui se hisse à la hauteur d'un Lindon égal à lui-même, c'est à dire d'une justesse totale. Avec des seconds rôles qui vibrent et donnent une âme supplémentaire. Toutes nos envies est investi de bout en bout. Un travail d'orfèvre, humaniste et à fleur de peau. Très beau.
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