Toutes les couleurs du crépuscule (Lucky)
Lucky a quelque chose en lui de la mélancolie et de la poésie du Paterson de Jarmusch. En version vieillie dans une petite bourgade au milieu de nulle part où mexicains cohabitent sans heurts avec les sudistes américains. Routinière est la vie du vieux Lucky : réveil musculaire, marche à pied jusqu'à l'épicerie pour acheter ses packs de lait et ses cigarettes. Un tour au café, un peu de télé et le bar du soir pour retrouver notamment un copain (David Lynch, formidable) inconsolable après la fugue de sa tortue terrestre centenaire. Pas grand chose d'autre à souligner si ce n'est quelques rencontres de hasard et des discussions sur le sens de la vie et de la mort. Toutes les couleurs du crépuscule avant la fin, comme un portrait testamentaire de Harry Dean Stanton, vieux cow-boy fatigué mais encore lucide, un brin misanthrope mais capable de ressentir toute la tendresse d'une fiesta où il pousse la chansonnette. Le premier film de John Carroll Lynch serait sans doute anodin sans la présence de l'acteur, aussi naturel que si l'on tournait un documentaire sur lui, juste avant de tirer sa révérence. Et c'en est un, en fin de compte, touchant et emballant comme un haïku.
Classement 2017 : 51/274
Le réalisateur :
John Carroll Lynch est né le 1er août 1963 à Boulder (Colorado). Il a tourné dans une quarantaine de films.
A découvrir aussi
- D'un motel à l'autre (American Honey)
- Double crise (Les fantômes d'Ismaël)
- La dérive du président (Khibula)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 50 autres membres