Cinéphile m'était conté ...

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Double crise (Les fantômes d'Ismaël)

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Ce ne serait sans doute pas vrai de tous les films, même les bons, mais Les fantômes d'Ismaël ne font vraiment sens qu'au fil d'une deuxième vision. Si l'on ajoute qu'il existe également une version longue, le Director's Cut de Desplechin, l'on conçoit que rien n'est vraiment facile dans cette entreprise mais n'est-ce pas le cas depuis les débuts de ce cinéaste singulier ? Mathieu Amalric ne figure pas sur l'affiche du film alors qu'il en est pourtant le personnage central. Surprenant mais explicable par le fait que cet homme ne vit que pour les femmes et aussi, bien entendu, pour le cinéma. Amalric, qui n'est pas vraiment d'une grande sobriété, est donc une fois encore le double de Desplechin, dans le portrait d'un réalisateur en crise, du point de vue de l'inspiration, mais aussi dans une vie sentimentale partagée avec deux femmes. Le ménage à trois, avec les excellentes Cotillard et Gainsbourg, se révèle comme la meilleure partie du film, s'éclatant progressivement en des itinéraires personnels passionnants. Là, en voyant le film une deuxième fois, on ne peut qu'admirer la maîtrise de la mise en scène du cinéaste au contact de deux actrices splendides dont il filme dans des gros plans imaginatifs les regards et les frémissements. Au côté de cette histoire qui aurait pu suffire à nourrir un long-métrage, Desplechin ajoute des flashback, une voix off et enfin un film dans le film, assez déconcertant de prime abord, récit d'aventures et d'espionnage où la verve comique de Louis Garrel prend toute sa dimension. Pour compliquer encore l'affaire, le long épilogue des Fantômes d'Ismaël marque encore un changement de ton avec l'apparition saugrenue mais réjouissante d'Hippolyte Girardot. Nul doute que la (dé)construction du film et son caractère cérébral (mais pas toujours) a de quoi faire s'interroger sur les intentions du cinéaste. Là n'est pas le plus important, ce film-là semble marquer comme un point culminant dans une oeuvre qui revendique son caractère bancal et son doute permanent. C'est en définitive un plaisir, parfois contrarié mais réel, que de se confronter à ce type de cinéma pas simple mais roboratif.

 

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Classement 2017 : 38/114

 

Le réalisateur :

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Arnaud Desplechin est né le 31 octobre 1960 à Roubaix. Il a notamment réalisé La sentinelle, Esther Kahn, Rois et reine et Trois souvenirs de ma jeunesse.



19/05/2017
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