Cinéphile m'était conté ...

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Thriller stressé (Prisoners)

Pendant dix ans, Denis Villeneuve a été un "produit" essentiellement local, le québecois se faisant connaître, petit à petit, dans les festivals. Avec Incendies, il a pour la première fois embrasé la planète. Il était obligatoire qu'un jour ou l'autre il réalise un film 100% américain avec des stars sur son porte-bagage. Beaucoup se sont brûlé les ailes, et l'âme, à changer ainsi de dimension. Pour Villeneuve, on avait relativement confiance tellement le cinéaste semblait capable d'exporter sinon son univers, du moins son savoir faire. Au vu de Prisoners, le bilan est mitigé. C'est à un film de genre, contraignant, soit le thriller d'angoisse, auquel il s'est colleté. Mais on ne se débarrasse pas aussi facilement des codes en vigueur. Le scénario est bien alambiqué (tiré par les cheveux ?) et semble lorgner vers des sommets inaccessibles (Seven). Péché de gourmandise. Ce n'est pas seulement une affaire de compréhension, c'est aussi une question de rythme et le film cale parfois sur sa durée de 150 minutes. Egalement au débit de Prisoners, une musique agaçante et redondante qui vient souligner les moments de tension. Quant au "coup de sifflet final", oh quelle coïncidence heureuse, il est totalement grotesque.

Heureusement, le film a des atouts à faire valoir. C'est avant tout une oeuvre de crise, de stress ultime qui pousse ses personnages dans leurs retranchements avec des comportements plus ou moins limite. Elle est peuplée de questionnements et non de jugements moraux, on appréciera la nuance. On a déjà plus ou moins vu ça au cinéma (Remember Mel Gibson) mais jamais avec une telle intensité et profondeur. La mise en scène de Villeneuve est glaciale quand il le faut (il a prouvé sa maîtrise dans Polytechnique) évitant ainsi une empathie vis à vis de certains caractères, ce qui aurait été une solution de facilité et de démagogie. L'interprétation globale reste à un bon niveau sans tutoyer non plus les cimes. Et oui, Paul Dano, méconnaissable, mérite largement une mention très bien. Prisoners, en fin de compte, est relativement hybride renouvelant le principe du verre à moitié plein ou a moitié vide. On prendra plutôt la première option parce que le film reste bien en mémoire et qu'on ne peut s'empêcher d'avoir foi dans le cinéaste.

 

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10/10/2013
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