Sourde angoisse (Sound of Metal)
Perdre l'ouïe c'est ne plus s'entendre avec le monde entier. Et entrer dans le monde du silence, enfin pas tout à fait, comme le montre Sound of Metal, dont le traitement du son est l'une des principales qualités. Le premier long-métrage de Darius Marder capte la sourde angoisse d'un musicien qui va devoir gérer son "handicap" avec une rage initiale qui va se transformer selon un schéma bien connu, comme les traditionnelles étapes d'un deuil, du déni jusqu'à la reconstruction. Un peu trop égocentré, Sounf of Metal, suit un cheminement classique où le passage par une institution de jeunes sourds aurait dû constituer la partie la plus forte du film. Elle l'est mais peut-être pas suffisamment, dans le sens où l'accent est toujours mis sur l'attitude et les réactions du héros, en délaissant quelque peu ses compagnons du silence. Autre bémol : la fin du film, ouverte et insatisfaisante, mais n'est-ce pas le cas de 80% des métrages contemporains ? Hormis ces reproches, Sound of Metal fonctionne parfaitement, sans le traitement mélodramatique qui était à craindre, et ne touchera pas que les âmes sensibles. Ruben, son personnage principal, est décrit avec une profondeur et un complexité intenses qui compensent le moindre intérêt apporté aux autres protagonistes. Il est surtout incarné par un Riz Ahmed extrêmement investi (au point d'avoir appris la langue des signes) et dont les nombreux gros plans soulignent la richesse de son jeu. Un film qui donne autant à entendre qu'à voir, c'est tout le mérite de Sound of Metal.
Le réalisateur :
Darius Marder est né le 3 juin 1974 à Ashfield (Etats-Unis). Il a réalisé un documentaire.
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