Se refaire une virginité (Elaha)
La première qualité d'Elaha, le premier long-métrage de Milena Aboyan, et il en possède beaucoup, est la clarté de son propos alors même que son héroïne est tiraillée par plusieurs sentiments, alors que son mariage approche : le respect des traditions kurdes et l'amour pour sa famille, d'un côté, et le désir farouche d'acquérir son indépendance et le choix de vivre sans entraves sa sexualité, d'un autre. La cinéaste parle évidemment du patriarcat dans cette communauté installée en Allemagne mais montre avec subtilité que les hommes, d'une autre manière que les femmes, sont aussi prisonniers de ses règles. Mais là où Elaha impose sa puissance narrative, c'est bien dans ce portrait magnifique d'une jeune femme qui n'a d'autre choix que de littéralement se refaire une virginité, avant la noce, sous peine de s'attirer non seulement l'opprobre de sa famille mais aussi de tout son environnement. Pas à pas, le film suit son héroïne dans ses contraintes et son envie de liberté, à partir d'une trame certes militante mais qui se marie parfaitement avec sa splendide étoffe romanesque. C'est peu de dire que le scénario est remarquablement écrit, que les dialogues impressionnent par leur côté incisif et que la mise en scène se révèle largement à la hauteur. Avec un atout supplémentaire pour définitivement nous séduire : l'interprétation sensuelle et déterminée de Bayan Layla, formidable actrice aux origines syriennes.
La réalisatrice :
Milena Aboyan est née le 10 février 1992 en Arménie. Elle a réalisé 2 courts-métrages.
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