Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Schizophrénie à la contrebasse (Lisbonne mélodies)

De Joao Tordo, auteur portugais de 39 ans, on ne connait en France que 3 livres, soit moins de la moitié de son oeuvre de romancier publiée dans son pays. A priori, Lisbonne mélodies (O ano sabatico en V.O) semble manifester moins d'ambition que Le bon hiver et surtout Le domaine du temps, ses deux ouvrages précédemment traduits en français. Mais a priori seulement. Lisbonne Mélodies raconte dans un premier temps l'histoire de Hugo, contrebassiste raté, en exil à Montréal, tout près d'arriver à accoucher de la mélodie parfaite, sans jamais y parvenir. A son retour à Lisbonne, son calvaire commence après un concert d'un jazzman virtuose lequel a joué note pour note la mélodie coincée dans la tête de Hugo. Sa descente aux enfers sera courte mais douloureuse non sans qu'il ait pu rencontrer Stockman, le musicien qui, il en sûr, lui a volé sa composition. La deuxième partie du livre est consacrée à l'errance de Stockman qui va aller sur les traces de Hugo, médusé par ce qu'il va apprendre. Sur les thèmes du double et de la schizophrénie, Tordo se révèle une fois de plus virtuose, donnant à Lisbonne des airs de thriller psychologique largement imprégné d'onirisme et de fantastique. Ce roman tragique, non dénué d'humour noir, est parfaitement ludique et mystérieux, laissant une multitude d'interstices dans son récit pour que le lecteur se crée sa propre exégèse. Dans un second rôle muet, la contrebasse, par sa masse imposante et son jeu discret, mérite un prix d'interprétation.

 

url.jpg



18/05/2015
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 49 autres membres